
Bien que le point de vue adopté soit celui de Troy, le véritable (anti-)héros du film est ce fameux Buck Howard, loser magnifique et radoteur de première, qui parvient à remplir une partie des salles où il se produit en proposant une étrange combinaison d'émerveillement et de moquerie. Le film est non seulement un portrait imparable de ce Garcimore imbu de lui-même, mais également une description édifiante de la course au succès, celle-ci s'effectuant à tout prix, au mépris du regard des proches et des réelles attentes du public. Il est d'ailleurs dommage que McGinly n'en soit pas resté là, lui qui s'éparpille de plus en plus en proposant notamment une histoire d'amour sans intérêt entre les personnages d'Emily Blunt et Colin Hanks (oui, le fils de).
Hanks junior s'en tire à merveille dans le rôle du type transparent. Rôle de composition ou non ? On lui laisse le bénéfice du doute. Et c'est l'éclate totale lorsque son personnage doit rendre des comptes à un père carriériste et affligé par le monde du spectacle, celui-ci étant incarné par... Tom Hanks. Le face-à-face entre les deux hommes est très mignon et truffé de doubles sens plutôt cocasses. Mais le film ne serait rien sans un John Malkovich des grands jours, qui s'amuse à en faire des caisses dans un rôle qui appelle les excès en tous genres. Toupet, dents bien blanches, répliques toutes faites qu'il ressasse dans chaque ville où il atterrit (« I love this town »)... Sa prestation est savoureuse et pas si évidente, puisqu'il parvient à mettre de l'émotion dans ce qui aurait pu n'être qu'un personnage foutrement ridicule. La fin est bien vue et laisse sans nul doute une impression positive dans le coeur des 437 privilégiés qui auront eu le temps d'aller découvrir cette jolie rareté dans une salle parisienne.

Mister showman (The great Buck Howard) de Sean McGinly. 1h30. Sortie : 22/07/2009.
Critique publiée sur Écran Large.