Un lycée prestigieux au coeur de Buenos Aires. Une jeune surveillante (on devine qu'elle est jeune même si l'air strict qu'elle est contrainte d'arborer lui fait prendre dix ans) qui vérifie les rangs, fait l'appel puis transmet la future élite du pays à son professeur. Dehors, la révolution menace l'ordre dictatorial en place. Nous sommes en 1982 et les choses pourraient bien s'envenimer sous peu. Alors, pour que l'entropie extérieure ne se répercute pas dans l'établissement, le surveillant en chef décide d'en faire son œil invisible. Sa fonction ? Traquer, épier, rapporter chaque fait et geste pouvant laisser penser qu'un élève ou un autre risque de déraper trop loin et trop fort.
L’œil invisible débute assez fort, par la description des taches qui attendent la jeune Teresa, condamnée à l'inflexibilité vis-à-vis de ces jeunes gens qui pourraient être ses petits frères. Très vite, les rouages bien huilés de cette institution traditionaliste commencent à être obstrués par de sérieux grains de sable. Incapable de s'imposer sur le long terme la discipline qu'implique ce genre de travail, Teresa se met à déconner, de façon imperceptible pour les autres, mais de manière évidente pour le spectateur. Trop évidente sans doute, par la faute d'une écriture manquant de finesse et d'une mise en scène parfois pachydermique. Lorsque la surveillante découvre qu'elle est troublée par l'un des élèves dont l'aura et le parfum l'obsèdent, Diego Lerman n'hésite pas à multiplier les gros plans sur le visage de son actrice, yeux fermés et nez frétillant comme le ferait une souris de dessin animé flairant un gros morceau de gruyère.
Ce n'est pas un film, c'est un tour de montagnes russes : on déchante très régulièrement en raison du manque de discernement du cinéaste argentin, mais la force de l'interprétation et la robustesse psychologique de certaines séquences créent un étrange état d'addiction vis-à-vis du film. Pourtant, le parallèle entre les signes avant-coureurs d'une rébellion adolescente et le fait que les rues de la capitale argentine soient en train de gronder n'est pas le plus finaud du monde. Mais l'essentiel n'est pas là : car le personnage du surveillant général, que l'on pensait d'une droiture absolue, finit par révéler sa véritable nature. Ce que martèle Lerman alors qu'il aurait pu se contenter de le suggérer, c'est que tout parapluie dans le cul cache une bonne dose de névroses et de perversité. En gros, plus quelqu'un s'imposerait une existence faite de rigueur, plus il aurait besoin de compenser... et pas en douceur. Le film dévie peu à peu de son intéressant sujet de départ pour finir en jeu dangereux à base d'attractions non réciproques et de filles cachées dans les toilettes des garçons. Autant dire que la morale de ce curieux Œil invisible reste floue, et ce malgré les assez gros sabots de son réalisateur.
L’œil invisible (La mirada invisible) de Diego Lerman. 1h45. Sortie : 11/05/2011.
Toutes pour Une : la bande-annonce
Il y a 8 heures
1 commentaire sur “L’ŒIL INVISIBLE”
Autan dire ???
Tu retirerais pas une étoile ou deux parce que franchement ce film, quelle imposture !!!
Incapable de traiter ce qui se passe à l'extérieur, le réalisateur essaie de nous faire croire à ses boniments et à des soi-disant parallèles entre l'intérieur et l'extérieur !!!
Quant au boutonneux dont la demoiselle renifle le slibard et le cou avant de se rouler dans son pipi, quel manque total de charisme et de présence !!!
Enfin,
les voix de la séduction sont impénétrables.
Et puis je ne vois pas pourquoi on dit partout (et ici aussi) que c'est le surveillant qui lui demande d'être son oeil invisible alors que c'est ELLE qui propose d'espionner alors qu'on ne lui demande rien !!!
Beurckque !!!
Tout comme la conclusion : à vômir !
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