Choix étonnant de la part du réalisateur Kevin Macdonald (Le dernier roi d'Écosse, State of play), cet Aigle de la neuvième légion pourrait pourtant réussir l'exploit de réconcilier les spectateurs avec le péplum. Un genre noble, respectable, mais donnant souvent lieu à des spectacles funestes pour ne pas dire mortifères. Après le rebond amorcé par Ridley Scott avec un Gladiator datant d'il y a déjà dix ans, cette adaptation d'un roman pour la jeunesse participe au sursaut de modernité souhaité par le cinéaste. Son intrigue guerrière et politique s'accompagne ici d'une quête personnelle accompagnée d'une enquête à la lisière du polar. À cet égard, le tandem de héros incarnés par Channing Tatum et Jamie Bell fait office de Holmes et Watson avant la lettre, y compris dans ce soupçon d'ambiguïté évoqué par le pachyderme Guy Ritchie dans son Sherlock Holmes. Qu'on apprécie ou pas les élans épiques, il y a de quoi être emballé par le parcours de ces deux hommes esseulés, capables ensemble d'exploits intellectuels et physiques dont on ne les savait pas capables.
Avant même la formation du duo, le film de Macdonald accroche l'oeil et le palpitant. Magnifiquement filmé, l'assaut nocturne d'un camp de centurions permet de mesurer l'aisance visuelle du réalisateur et le souffle héroïque du film et de son héros. À mi-chemin entre finesse et robustesse, Channing Tatum fait preuve d'une finesse dont on ne le savait pas capable jusque là. Il y avait de quoi être dubitatif quant à sa présence à la tête d'un film plutôt sérieux, mais ces doutes sont rapidement dissipés. D'autant que le personnage de Marcus Aquila ne cesse de prendre de l'ampleur : d'abord au contact d'Esca, son esclave (Jamie Bell, impec), puis à travers chaque étape d'un voyage intense et sans temps mort. Le principal point d'ancrage du scénario consiste en un rebondissement digne de L'île des esclaves de Marivaux, où le maître et l'esclave sont contraints d'intervertir leurs rôles pour parvenir à se sortir d'une situation difficile. Un long climax intermédiaire dont le film parviendra heureusement à se relever grâce à la résolution émouvante et convaincante de l'imbroglio semi-policier.
Car il s'agit pour Marcus Aquila, jeune centurion aux prestigieux aïeux, de retrouver la trace de cette fameuse neuvième légion, disparue comme par enchantement dans le nord de l'Angleterre. 5000 hommes envolés en fumée avec leur totem, un aigle doré, et parmi lesquels figure le père du héros. Toujours sur plusieurs pistes à la fois, le film trouve le juste équilibre entre divertissement permanent et sentimentalisme exacerbé, d'autant plus touchant qu'il s'agit d'histoires d'hommes. Des hommes auxquels on a appris à masquer leurs faiblesses, bien cachés derrière des muscles saillants et des équipements sophistiqués (pour l'époque). Qu'un film pareil puisse être aussi bourrin que pudique, aussi doux qu'impitoyable, montre bien que Kevin Macdonald est loin d'être le premier yes man venu.
L'aigle de la neuvième légion (The eagle) de Kevin Macdonald. 1h51. Sortie : 04/05/2011.
Les Meurtres zen, Netflix
Il y a 7 heures
6 commentaires sur “L'AIGLE DE LA NEUVIÈME LÉGION”
d'un au sursaut de modernité
entre divertissement permanente ???
Tu veux dire qu'ils se font des frisettes sous la tente.
Et arrête avec ton expression yes man... les vieilles comme moi n'y comprennent rien, ça veut rien dire. Et comme je suis à peu près la seule à te lire, tu pourrais respecter ma volonté.
Ah oui, au fait est-ce que Jamie et Channing se mettent à oilpé ??? Je sais pas moi une petite douche, un truc quoi où il faut zéro armure !!!!
Et aussi, Jamie (si tu me lis), je veux bien être ton esclave*.
* sexuelle bien sûr !
Suce-pence.
Ah, j'oubliais, un certain Tahar R. s'offre un copieux rôle secondaire dans le fil. Au cas où tu n'aurais que moyennement envie d'y aller.
HEINGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGG
T.A.H.A.R ???
MON Tahar ???
Demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne. j'y serai.
I fait un méchant sarrazin j'imagine. Mais tant pis. J'y go. Je me ferai Sarrazine.
Jamie si tu me lis : laisse tomber, j'ai du Sarrazin sur le feu !
Sinon, euh comment dire ! Ce sont ses vrais abdos au Channing ???
Ben.
Bon c'est bon ils se déshabillent bien comifaut.
Quel bonheur de film ! Trois garçons magnifiques et pas de filles dans les parages... sauf de loin et chemo !
Un film pour les filles les vraies. J'ai ADORE.
Encore encore !
C'est quoi un yes man bordel ???
Un mec qui dit oui à tout. C'est con.
Et oh pendant que je suis là à discuter toute seule sur ce blog où ya jamais personne qui répond...
t'appelles ça un soupçon d'ambiguité toi ?? Tu voulais quoi, qu'ils se roulent dans la boue popol à l'air ??? Ces deux là sont total in love !!!
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