Que ceux qui veulent connaître la guerre d'Algérie et ses trous noirs se ruent sur La trahison, l'excellent film de Philippe Faucon. Ils perdraient un temps précieux en allant voir L'ennemi intime, bourrinade pataude qui en reprend tous les thèmes sans jamais en avoir la subtilité.
On ne peut nier l'implication et l'application de Florent Emilio Siri et Patrick Rotman ; simplement L'ennemi intime ne parvient jamais à faire cohabiter le film politique et l'action movie qu'il souhaiterait être. Le propos se limite à quelques banalités ("Dieu que la guerre est laide" d'une façon générale, et la métaphore de la cigarette qui se consume par les deux bouts pour la position des fellagas au coeur de cette guerre) et les références trop lourdes pleuvent. C'est tout juste si les personnages ne parlent pas de l'odeur du napalm au petit matin. Désolé les mecs, mais Coppola et Cimino sont passés là trente ans plutôt, et leurs chefs d'oeuvre se passent de vos clins d'oeil.
On pourrait se consoler de ce vide total avec le côté action du film. Mais alors qu'il excellait dans Nid de guêpes à multiplier les fusillades et les points de vues, Siri semble avoir complètement perdu pied en voulant créer une atmosphère jamais vue. Résultat : des tas de plans indigents et un côté mal foutu terriblement repoussant. Comme si un étudiant pas doué en cinéma avait tenté des trucs sans jamais se soucier d'une quelconque cohérence. Rien ici n'est justifié, et l'efficacité s'en ressent. Rien de brillant concernant le casting : Dupontel se la joue monoexpressif (ce qui arrive de plus en plus fréquemment), et Magimel tourne sévèrement en rond (même remarque). Sur des thèmes similaires (mais dans une autre guerre), l'Indigènes de Rachid Bouchareb s'en sortait étonnament mieux. Quelques cours d'humilité ne feraient sans doute pas de mal à Florent Siri.
4/10
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