9 mars 2006

LA TRAHISON

Quelques jours de mars 1960. Algérie. Roque, jeune lieutenant français, commande un poste isolé comprenant une trentaine d'hommes, dont quatre musulmans appelés (donc pas des harkis, mot définissant les algériens engagés volontaires). La chasse aux fellaghas fait rage. Jusqu'au jour où les supérieurs de Roque lui font part de leurs soupçons à propos d'une possible trahison de "ses" musulmans...
Grand, très grand film, La trahison ne parle pas simplement de la guerre (on sent que la vocation du film n'est pas bêtement éducative), mais d'hommes. Hommes brisés, à la recherche de leur identité, comme ces soldats musulmans, considérés comme des étrangers par les Algériens eux-mêmes aussi bien que par les Français. Froid, austère, tendu, concis, La trahison frappe fort. Philippe Faucon fait peser une chappe de plomb sur la nuque du lieutenant Roque (Vincent Martinez, formidable) sans pour autant céder aux sirènes du suspense : la résolution du mystère (trahison, ou pas trahison) ne fait d'ailleurs que peu de doute, et elle est traitée avec une absence d'effets qui la rend bouleversante. 1h20 d'intelligence et de grand cinéma, qui impriment la rétine et se révèlent indélébiles. Chapeau bas.
9/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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