29 juin 2007

LE BONHEUR D'EMMA

En France, on a Jean Becker. En Allemagne, eux, ils ont Sven Taddicken. Un jeune réalisateur qui ne passera sans doute pas toute sa vie à filmer des agriculteurs et des soirées pot-au-feu, mais le fait bien, lui. Suivez mon regard : Le bonheur d'Emma est la preuve, s'il en fallait une, que le terroir et le cinéma peuvent faire bon ménage sans tomber dans la nostalgie crasse ou la bêtise boueuse.
L'héroïne de Taddicken est une agricultrice, à la fois terriblement rustaude et formidablement belle. Sa façon de susurrer des mots doux aux cochons qu'elle égorge la rend fascinante, telle une veuve noire en mode agricole. À la suite d'une rencontre (un peu artificielle, mais là n'est pas l'essentiel) avec un garagiste un peu filou, Emma va découvrir que le bonheur n'est pas seulement dans le pré, mais aussi dans la chambre à coucher, la cuisine, et ailleurs. une histoire d'amour à la fois toute simple et formidablement audacieuse : faire s'aimer une paysanne pur jus et un citadin en phase terminale. Car malgré le titre, le sujet central du film est bel et bien la mort, celle qui s'insinue partout et tout le temps, au mépris des sentiments et des usages. Le message (carpe diem, en gros) peut paraître béatement primaire, mais il est asséné avec une sincérité teintée de violence qui peut légitimement laisser sur le cul. Par la force de caractère de son personnage principal, Le bonheur d'Emma séduit et émeut, scellant définitivement sa réussite par la grâce d'une conclusion âpre et éprouvante. Prends-en de la graine, Jean Becker.
7/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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