Walter Sparrow est un peu embêté : vlà t'y pas que le livre offert par sa femme, qui raconte une malédiction autour du nombre 23, semble directement inspiré de sa propre vie. D'où un film en forme de quête d'identité, celle du héros comme celle de l'auteur du roman, le whodunit de mouvant en who wrote it. Quant à Joel Schumacher, sa quête à lui (trouver le chemin du bon cinéma) semble loin d'être accomplie.
Dans le marasme de la filmographie schumacherienne, Le nombre 23 s'impose pourtant comme l'un des films les plus intéressants. Aussi décevante que soit la résolution de l'intrigue, une certaine forme de mystère demeure jusqu'à la dernière bobine. Longtemps, le nombre 23 garde son côté intrigant. Rendez-vous compte : William Shakespeare est né un 23, George W. Bush a été baptisé un 23, et le prénom du héros, Walter, commence par un "W", vingt-troisième lettre de l'alphabet... waow!!!
Schumacher dépasse à peine le cap de son pitch, et malgré une construction (inutilement) alambiquée, Le nombre 23 finit par être aussi surprenant que la page numérologie de votre supplément du week-end. Laissant trop souvent place au hasard, le scénariste fait peu à peu perdre à son histoire le sel qu'elle avait au départ. Les ficelles sont trop voyantes : par exemple, le livre qui obsède Sparrow est l'oeuvre d'un certain Topsy Kretts. Après avoir cherché pendant une heure ce type introuvable, le héros finit enfin par piger qu'il s'agit d'un pseudo en forme de jeu de mots plus pourri que les miens. Voilà qui ferait passer les énigmes de Dan Brown pour des chefs d'oeuvre.
Reste éventuellement la photographie de Matthew Libatique, chef op d'Aronofsky, qui ne filme rien comme tout le monde. Mais bizarrement, la qualité de la photo oscille entre magnifique et platissime (sur la fin, on se croirait dans Saw). Même inconstance pour Jim Carrey : parfois inquiétant (comme dans The Truman show, il fait un parano idéal), le comédien pèche souvent par excès, grimaçant et sautillant comme un wallaby.
Tout cela ne fait que confirmer que Schumacher n'est pas un foudre de guerre ; tirant les gens vers le bas, il serait plutôt une sorte de locomotive à la puissance (en watts) insuffisante pour emmener avec elle tous ses wagons.
Dans le genre "flippons avec les nombres", mieux vaut (re)voir un certain 23 de Hans-Christian Schmid, western informatique aux doux relents d'apocalypse, où les cow-boys se battent avec des chiffres plutôt qu'à coups de Winchester.
4/10
(écrite le 2/3, cette critique comporte 23 fois la 23ème lettre de l'alphabet... tremblez)
DIAMANT BRUT
Il y a 1 jour
2 commentaires sur “LE NOMBRE 23”
> cette critique comporte 23 fois la 23ème lettre de l'alphabet
En plus c'est vrai, mais après relecture ça fait un peu forcé, non ? Je te gratifie d'un :) pour la peine.
Évidemment, ça fait forcé. Mais ça colle très bien au style un peu pataud du film.
(et puis des mots avec 'w', y en a pas des masses ; Georges Perec est bien meilleur que moi à ce petit jeu)
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