18 janv. 2007

TRUANDS

Dans ses deux premiers longs métrages (les respectables Scènes de crimes et Agents secrets), Frédéric Schoendoerffer se révélait être un cinéaste froid, presque clinique, dont la mise en scène au cordeau avait tendance à annihiler l'humanité des personnages et des situations. Truands constitue donc pour lui une sorte de révolution, et on ne peut que saluer ses efforts pour modifier avantageusement sa mise en scène.
Malheureusement, Truands n'est rien d'autre qu'un sous-Scorsese d'opérette, où le désir de montrer un univers et ses excès sont louables mais ne donnent que des scènes un peu too much. Que Schoendoerffer ait souhaité montrer qu'en France aussi, on sait percer des rotules à la perceuse et baiser des putes dans les chiottes d'un night-club, d'accord ; que ces scènes soient poussées à l'extrême, avec force litres de sang pour impressionner et filmage façon porno pour faire plus vrai, non.
Refusant la pratique du hors-champ, Schoendoerffer finit par livrer un film presque aussi ridicule que les gens qu'il dénonce. Il y a pourtant de bonnes choses dans Truands : un certain refus des conventions, montrant par exemple qu'il n'existe pas de code d'honneur et qu'on peut très bien tuer un ami si ça peut faire gagner quelques billets.
Le gros point d'interrogation du film, c'est Philippe Caubère : il livre une prestation théâtrale, quasi burlesque, avec rictus incessants et moues diverses et variées lorsqu'il n'est pas content. Il a tendance à décrédibiliser encore un peu Truands ; puis l'on réalise que c'est sans doute lui qui donne au film sa force et ses meilleurs moments, au milieu d'acteurs un peu timorés. D'autant plus que l'intrigue n'est pas bien épaisse (banale affaire de trahison et de règlements de comptes) : il faut bien alors se contenter de ce qu'on a.
Pour son prochain film, nul doute que Frédéric Schoendoerffer saura trouver le juste milieu entre extrême rigueur et hystérie filmique. Ce n'est simplement pas pour cette fois.
3/10

2 commentaires sur “TRUANDS”

Rob a dit…

Je savais qu'un jour j'oublierais de noter un film.
Remarque, celui-là, suffisait de lire pour comprendre qu'il est mauvais. Mais quand même.
Merci, ô cher Fred.

 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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