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5 juin 2009

QUELQUE CHOSE À TE DIRE

Responsable du navrant Tout pour plaire, qui avait au moins le mérite de prouver que la beauferie n'est pas qu'une affaire d'hommes, Cécile Telerman revient avec ce Quelque chose à te dire tout aussi moisi. On y retrouve son obsession du faux bon mot d'auteur, les répliques éculées s'enchaînant avec une vitesse proprement effarante. Dès les premières minutes, on a de la peine pour les dialoguistes et les acteurs chargés de faire vivre leurs répliques, tous semblant persuader de jouer du grand Michel Audiard alors qu'un Jean-Marie Poiré en petite forme aurait fait mieux. Au fameux « heureusement que tu vends pas des fosses septiques, on boufferait de la merde » vendu en argument comique dans la bande-annonce, répondent une bonne trentaine de petites vacheries d'une nullité crasse. Ça ressemble parfois au « c'est çui qui dit qui y est » des cours de récré, sauf que les gamins de primaire ont parfois le sens de la formule.
Son côté film choralo-familial, avec règlements de compte et rancoeurs en série, suffisait à faire de Quelque chose à te dire le digne successeur de Tout pour plaire, qui se posait là côté aberration populiste. Mais Telerman a visiblement de l'ambition, et agrémente l'ensemble d'un effet comédie de moeurs nauséabond (tout le monde trompe tout le monde, et chacun finira casé avec des gosses) avec un bonus en forme de gros secret de famille. Là, c'est le coup de grâce : le scénario nous la joue "hasards ou coïncidences", à faire pâlir d'envie Claude Lelouch. Il aurait fallu beaucoup de talent pour nous faire gober cette histoire fort tordue ; le film en est totalement dépourvu, et donne envie de s'arracher les cheveux.
Écrit et réalisé à la truelle, Quelque chose à te dire est détestable en tous points, notamment parce qu'il ferait presque haïr quelque comédiens qu'on aime beaucoup. Si Patrick Chesnais s'en sort en prenant totalement à son compte le je m'en foutisme de son personnage, les autres s'en tirent moins bien, et notamment Charlotte Rampling dans ce qui est sans doute le pire rôle du film. Son personnage de grande bourgeoise égoïste est si caricatural et traité avec tellement de mépris qu'il vous dégoûterait presque d'être anti-sarkozyste. Poujadiste, démago, gras, haineux, Quelque chose à te dire est à l'image de son héroïne, Mathilde Seigner, qui fut un espoir du cinéma jusqu'au début des années 2000 avant de devenir la représentante de tout ce qu'il y a de plus vulgaire, idiot et pathétique dans l'audiovisuel français. On lui souhaite de continuer à faire plein de films avec Cécile Telerman et de nourrir les rires gras et l'admiration méprisable de spectateurs peu regardants.




Quelque chose à te dire de Cécile Telerman. 1h40. Sortie : 27/05/2009.
Autre critique sur Une dernière séance ?.

5 déc. 2008

POUR ELLE

Est-ce qu'il est écrit quelque part dans la loi qu'Olivier Marchal doit être dorénavant présent dans tous les polars français ? Fort heureusement, dans Pour elle, il n'apparaît que le temps d'une scène, mais ça fait déjà froid dans le dos. Ceci étant dit, Pour elle est un petit film policier à peu près aussi efficace qu'il est anodin. Pour son premier film, Fred Cavayé semble hésiter sans cesse entre l'appel du grand public (bons sentiments, larmes au coin des yeux, et tutti quanti) et une envie de vrai film noir à la Corneau. Une ambivalence symbolisée par le personnage principal, père de famille et mari aimant, mais finalement capable de commettre l'insensé pour préserver l'unité familiale. C'est ce personnage, parfaitement joué par Vincent Lindon, qui constitue la grande réussite de ce film. Souvent seul à l'écran (on voit finalement assez peu Diane Kruger), il porte une sorte de filiation avec les personnages de Melville, solitaires et blessés. La comparaison s'arrête malheureusement là.
Car côté scénario, Pour elle n'innove absolument jamais, proposant la mise en place d'un plan d'évasion, avec états d'âme et faux départs comme il se doit. Autant dire que tout consommateur de polars ou tout spectateur de Prison break saison 1 se retrouve ici en terrain connu, pour ne pas dire balisé. Il est assez amusant de voir Lindon, seul dans un grand appartement vide, contempler son gigantesque mur fait de photos et d'inscriptions : on se dit que Fred Cavayé rêvait sûrement de faire pareil quand il était môme (et, c'est d'ailleurs ce que fait le fils du héros dans le film). On sent l'admiration portée par le réalisateur aux grands noms du polar, et son amour pour l'histoire de ce couple qui ne rêve que de se retrouver. C'est cette envie dévorante, cette passion rageuse, qui sauve le film. Car la dernière partie, qui passe vraiment à l'action (pas de tromperie sur la marchandise), peine à exister et à se trouver une crédibilité.
Difficile de croire à la succession de coups de bol qui aident le couple à se frayer un chemin dans une ribambelle de flics, pas plus qu'au plan faussement malin mis en place par le mari prêt à tout. Une avalanche de petits détails qui empêchent d'apprécier le sujet central de ce gentil petit divertissement : l'amour qui rend capable de tout. La prochaine fois, il faudra se montrer un peu moins scolaire (à l'image de la prestation de Diane Kruger) pour se montrer plus convaincant.
5/10

10 juil. 2008

LE BRUIT DES GENS AUTOUR

Non, Diastème n’est pas un tragédien grec, mais un artiste multicarte, principalement auteur de théâtre, lui qui fut également critique pour le magazine Première (qui, à l’époque, parlait encore de cinéma). Le bruit des gens autour s’inspire directement d’ambiances dans lesquelles il s’est immergé au cours de nombreux été : le festival d’Avignon, son effervescence et ses à-côtés. Le film suit un bon paquet de personnages qui se débattent entre leurs activités artistiques et leurs soucis personnels, dans une espèce de grande tambouille passionnée et souvent enthousiasmante. Inexplicablement, on n’a jamais vraiment l’impression d’assister à un film choral au sens classique du terme, tant les situations s’enchaînent et s’emmêlent non sans grâce.
Il y avait de quoi craindre que cette peinture d’un microcosme tout à fait particulier soit poseuse et un rien méprisante, comme ces discours des Molière qui débutent par « Nous, les gens du théââââtre ». Ce qui frappe au contraire, c’est la grande modestie avec laquelle Diastème dresse ces portraits, comme s’il avait lui-même soupé de l’élitisme primaire qui frappe un peu trop souvent les théâtreux. Avignon, le off, le in, les spectateurs et les techniciens, tout se mélange avec facilité et harmonie. Ne pas s’attendre à de gros rebondissements ou à une escalade dramatique : Le bruit des gens autour est d’abord une petite brise d’été, souvent légère et souvent poignante, qui n’entend pas raconter de grandes choses mais vise d’abord l’authentique, l’intime, l’humain. Aérienne et volubile, la mise en scène de Diastème tourne avec grâce autour de personnages qu’on aimerait accompagner plus longtemps encore.
Le film n’est évidemment pas parfait, et ne cherche surtout pas à l’être. On sent en fin de course que l’auteur peine à trouver comment quitter les êtres qu’il a créés et quelle conclusion donner à leurs parcours personnels. On patine légèrement, mais rien de bien grave : porté par un casting brillant (Emma de Caunes est non seulement bombesque mais également très convaincante), plein de petites révélations (ah, Frédéric Andrau), Le bruit des gens autour est une surprise extrêmement agréable, qui donne envie d’aller faire un tour du côté d’Avignon et de son agitation permanente.
7/10
(également publié sur Écran Large)

10 mars 2008

MR 73

Avec MR 73, Olivier Marchal s'adresse ostensiblement à ceux qui considéraient que 36 quai des orfèvres n'était qu'une version vaguement cinématographique d'un épisode du commissaire Moulin. Vous voulez du cinéma? Marchal va vous en donner. Du sordide, du torturé, du filmé avec les tripes, de l'hémoglobiné. Mais il ne suffit pas de se prendre pour Sidney Lumet ; encore faut-il avoir un minimum de talent.
MR 73 commence par le traditionnel carton "inspiré d'une histoire vraie", celui qui semble autoriser les auteurs à raconter n'importe quoi n'importe comment sous prétexte de retranscription de la réalité. Et c'est donc parti pour ce portrait d'un flic au bout du rouleau, qui traîne sa carcasse alcoolisée entre quelques bureaux sordides (y a pas de budget peinture, au ministère de l'intérieur ?) et des scènes de crime composées comme des tableaux de maître. Olivier Marchal fut lui-même policier, et sait donc a priori de quoi il parle ; mais il en rajoute tellement dans chaque détail de chaque description que son film en devient rapidement ridicule. Un peu comme quand Rambo raconte le Vietnam en pleurnichant et en ajoutant à la fin de chaque phrase "je sais ce que je dis, je l'ai vécu".
Et donc, parce que monsieur Marchal s'est pris pour un auteur, il a choisi de livrer non pas un simple polar à clé, mais un véritable drame d'une noirceur sans nom, où les êtres ne sont que des machines à malheur souhaitant simplement une dernière valse avant d'aller mourir. La trame de MR 73 est à mourir de rire, mélangeant rédemption, vengeance et dénonciation des magouilles policières. Un peu de finesse aurait été le bienvenu, mais c'était sans doute trop demander ; les personnages sont écrits à la truelle et l'enchaînement des situations pue le cliché. Par exemple, en fin de film, Marchal met en parallèle l'arrivée d'un nouveau-né et la mort d'un personnage-clé. Un être s'éteint, un autre s'éveille. C'est beau comme une pub pour de l'eau minérale.
MR 73 pue l'orgueil et la frime, tué dans l'oeuf par un désir artificiel de choquer son public. La violence froide et gratuite et les situations sordides choqueront sans doute le troisième âge ; certains détourneront peut-être les yeux de temps à autres ; mais qui peut être réellement impressionné par ça? Heureusement, Daniel Auteuil conserve une certaine crédibilité de bout en bout (il fait bien l'alcoolique), et donne à MR 73 ses moins mauvais moments. On n'en dira pas autant de Catherine Marchal et Olivia Bonamy, aussi mauvaises que leurs personnages sont mal taillés. Il faut dire que la pauvreté des dialogues (une grossièreté façon Bigard toutes les deux lignes) et l'incroyable fascination de Marchal pour les stéréotypes ne pouvait pas permettre à grand monde de sortir grandi de ce marasme pas recommandable du tout.
2/10

18 janv. 2007

TRUANDS

Dans ses deux premiers longs métrages (les respectables Scènes de crimes et Agents secrets), Frédéric Schoendoerffer se révélait être un cinéaste froid, presque clinique, dont la mise en scène au cordeau avait tendance à annihiler l'humanité des personnages et des situations. Truands constitue donc pour lui une sorte de révolution, et on ne peut que saluer ses efforts pour modifier avantageusement sa mise en scène.
Malheureusement, Truands n'est rien d'autre qu'un sous-Scorsese d'opérette, où le désir de montrer un univers et ses excès sont louables mais ne donnent que des scènes un peu too much. Que Schoendoerffer ait souhaité montrer qu'en France aussi, on sait percer des rotules à la perceuse et baiser des putes dans les chiottes d'un night-club, d'accord ; que ces scènes soient poussées à l'extrême, avec force litres de sang pour impressionner et filmage façon porno pour faire plus vrai, non.
Refusant la pratique du hors-champ, Schoendoerffer finit par livrer un film presque aussi ridicule que les gens qu'il dénonce. Il y a pourtant de bonnes choses dans Truands : un certain refus des conventions, montrant par exemple qu'il n'existe pas de code d'honneur et qu'on peut très bien tuer un ami si ça peut faire gagner quelques billets.
Le gros point d'interrogation du film, c'est Philippe Caubère : il livre une prestation théâtrale, quasi burlesque, avec rictus incessants et moues diverses et variées lorsqu'il n'est pas content. Il a tendance à décrédibiliser encore un peu Truands ; puis l'on réalise que c'est sans doute lui qui donne au film sa force et ses meilleurs moments, au milieu d'acteurs un peu timorés. D'autant plus que l'intrigue n'est pas bien épaisse (banale affaire de trahison et de règlements de comptes) : il faut bien alors se contenter de ce qu'on a.
Pour son prochain film, nul doute que Frédéric Schoendoerffer saura trouver le juste milieu entre extrême rigueur et hystérie filmique. Ce n'est simplement pas pour cette fois.
3/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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