7 déc. 2006

RED ROAD

Des nos jours, en Écosse. Les quartiers résidentiels se suivent et se ressemblent, gris, crasseux, plus glauques que glauques. Mais les citoyens peuvent dormir tranquilles : leur ville est équipée d'un système de vidéo-surveillance que George Orwell n'aurait pas renié. Chaque fait, chaque geste, et donc chaque délit potentiel est guetté, fliqué, et empêché. On n'est pas dans The end of violence ni dans Minority report, mais dans Red road, premier film malin d'Andrea Arnold.
Passant ses journées derrière des écrans de contrôle à traquer les délinquants, l'héroïne du film est une jeune femme angoissée et solitaire, qui se met à espionner un ex-taulard apparemment à la source de ses malheurs. La bonne surprise du film, c'est qu'un tel matériau de départ ne mène ni vers un thriller à base de voyeurisme et de paranoia ni vers un énième pamphlet tentant de marcher sur les traces d'Orwell. Non, Red road est un drame poignant et pudique porté par un personnage de femme original et bien dessiné. On ne tarde pas à connaître les raisons qui font que Jackie en veut à l'homme qui l'obsède. L'essentiel est ailleurs : parler de culpabilité, de remords et de mort sans discours verbeux ni démonstration bien carrée. Excellemment mis en scène, Red road pose des questions dérangeantes sans tenter d'apporter des réponses satisfaisantes : peut-on réduire une vie à dix minutes d'égarement? Faire justice soi-même peut-il être une solution? On ne sait pas, et c'est de la que naît le malaise.
Outre cette réflexion profonde et bien traitée, Red road offre également quelques moments de grand cinéma, notamment une scène de sexe assez crue mais dont le traitement est totalement justifié. Et si l'on peut légitimement émettre quelques regrets (l'abandon quasi total de la vidéo-surveillance dans la deuxième partie du film, et une fin un peu trop effacée), le film d'Andrea Arnold reste cependant une vraie curiosité à découvrir, d'autant qu'il s'agit du premier volet d'une trilogie basée sur les mêmes personnages, avec un scénariste unique mais trois réalisateurs différents.
7/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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