8 déc. 2006

MAUVAISE FOI

Par les temps qui courent, la discrimination et le sectarisme sont des sujets malheureusement très à la mode. Alors, même s'il était difficile de douter de la bonne foi de ce Mauvaise foi, on pouvait craindre que le premier film de l'excellent Roschdy Zem ne soit qu'un message de tolérance convenu et sirupeux. Mais même s'il n'y a rien d'un chef d'oeuvre, Mauvaise foi vaut mieux que cela.
Zem et son coscénariste Pascal Elbé savent de quoi ils parlent : le premier est musulman, le second juif, et ils ont tous deux été confrontés à des situations délicates de par leur appartenance religieuse. Les deux mecs n'étant pas les derniers des ahuris, le sujet du film (un musulman et une juive vont avoir un bébé et tentent de faire accepter leur mixité à tout le monde, y compris à eux-mêmes) est traité avec une vraie délicatesse et une intelligence pratique plutôt que philosophique. Car si les intellectuels sont beaucoup parlé de la place de la religion dans la famille et de la possibilité de concilier plusieurs croyances différentes au sein d'un même foyer, tout cela ne constitue souvent qu'un débat superficiel et irréaliste. La grande qualité de Mauvaise foi, c'est de traiter un sujet pas évident avec un vrai premier degré pas dénué d'humour : comment annoncer à ses parents qu'on aime quelqu'un de "différent" ; comment faire cohabiter des traditions qui n'ont rien à voir ; comment vivre sa propre foi sans empiéter sur celle de l'autre... Et s'il ne prétend pas donner de réponse à toutes ces questions épineuses (heureusement), Roschdy Zem utilise son vécu pour montrer qu'il est possible de contourner les pièges du sectarisme. C'est souvent futé, parfois maladroit, et en tout cas assez drôle. Dans la première partie du moins, puisqu'ensuite le trait se durcit un peu, lorsque le jeune couple arrive à la conclusion qu'il n'y arrivera pas. Là, on rit moins, ou plus jaune. Jusqu'à une fin un peu irritante, qui fait naître un suspense un peu idiot avant de se terminer dans l'angélisme le plus total. C'est en même temps un autre atout du film : son optimisme à tout épreuve, son énergie communicative et son envie de croire à un monde un peu meilleur.
Si sa mise en scène a besoin de s'affirmer, Roschdy Zem démontre surtout qu'il est déjà un excellent directeur d'acteurs. Il s'est entouré de comédiens qu'il aime (outre lui-même, il y a également Pascal Elbé, JP Cassel et la mimi Leïla Bekhti). Et a choisi, pour le premier rôle féminin du film, l'actrice idéale : Cécile de France, meilleure que jamais, et vraiment très très belle. Elle achève de faire de Mauvaise foi un film malin et plaisant qui devrait trouver son public.
7/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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