12 déc. 2006

LA NATIVITÉ

C'est la légende urbaine la plus vieille du monde : depuis deux mille ans, on nous raconte qu'à Bethléem est né un petit garçon venu apporter la bonne parole, né d'une mère vierge par l'opération du Saint-Esprit. La nativité raconte la genèse de cette naissance hors du commun. Comme une sorte de prequel à La passion du christ et à La dernière tentation du Christ, qui se déroulent trente-trois ans plus tard. Pour la comparaison, on s'arrêtera là : on peut penser ce que l'on veut des films de Gibson, Scorsese et consorts, mais ils présentaient au moins un minimum d'intérêt. Partis pris esthétiques ou moraux, choix d'un point de vue assez précis. Si La nativité est quasiment le premier film sur ce sujet à n'avoir sucité aucune polémique, la raison est bien simple : il s'agit d'un inoffensif livre d'images qui trouverait très bien sa place dans les cours de catéchisme ou en feuilleton à suivre dans "Le jour du seigneur". Chaque chose est bien à sa place, la réalisation ne rate rien des évènements-clé, mais pas la moindre trace de cinéma là-dedans.
Les fervents croyants risquent fort de s'ennuyer car ils connaissent la chanson ; les autres, qui se moquent un peu d'une histoire de ce genre (après tout, des gens comme Tolkien ont créé des mythologies bien plus renversantes), chercheront comment passer le temps. On peut par exemple s'amuser à chercher quelques acteurs un peu connus au milieu de la foule : voir Zinedine Soualem donner la réplique à Tomer Sisley le centurion, c'est tout de même quelque chose, surtout qu'on ne les attendait pas dans un film américain. On peut aussi chercher désespérément une trace quelconque du style de Catherine Hardwicke, réalisatrice assez douée du gentiment trashy Thirteen (sniffage de colle et scarifications) et du fun Les seigneurs de Dogtown (skate, pantalons larges et petites pépées). Mais même en cherchant bien, pas une miette. La nativité sonne comme la rédemption d'une cinéaste qui a trop souvent montré la part de ténèbres de l'être humain et qui demande le pardon de l'Être Suprême. Souhaitons qu'après quelques prières et autres auto-flagellations pour expier ses fautes, Mrs. Hardwicke se remette très vite à faire du vrai cinéma plutôt que de la propagande molle et même pas engagée.
2/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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