
Mais Coeurs est également un film très bizarre manquant gravement d'unité et de cohésion : on a souvent l'impression de regarder un montage de plusieurs moyens métrages maladroitement imbriqués. D'autant qu'on sent peser là aussi l'âge avancé de Resnais : si la mise en scène feutrée mais un peu trop floue est plutôt acceptable, on peut légitimement être horripilé par un montage unidimensionnel et purement décoratif. En lieu et place des traditionnels fondus au noir ou des simples cuts, Resnais nous offre d'un bout à l'autre des "fondus enneigés", comme si on vaporisait un peu de neige artificielle sur la pellicule et qu'elle s'effaçait alors pour laisser place à la scène suivante. Moche et sans justification aucune.
Côté acteurs, difficile d'être surpris : la bande à Resnais est toujours la même, tout le monde s'applique, mais il n'y a pas vraiment d'étincelle. Bizarrement, les comédiens les plus agaçants en règle générale (Arditi, Azéma) sont sans doute ceux qui s'en sortent le mieux. Il faut dire que Sabine a hérité d'un personnage assez incroyable, le moins crédible de tous mais le plus intéressant et surprenant. En revanche, DUssollier sombre dans le marécage d'un personnage ni fait ni à faire, qui se trouve au centre de scènes de farce indignes du plus mauvais théâtre de boulevard (le quiproquo de la VHS est d'un insondable ennui).
Comme pour les derniers films d'Alain Resnais, on a du mal à donner un avis tranché sur Coeurs, un film parfois attachant mais avec un bon demi-siècle de retard. Comme si Resnais tentait de faire au 21ème siècle tous les films "normaux" qu'il n'a pas faits dans les années 60.
6/10
Laissez le premier commentaire sur “COEURS”
Enregistrer un commentaire