
Shortbus est un film simple comme bonjour, d'une beauté évidente et presque effrayante (le plus hétéro des hétéros s'étonnera de ne ressentir aucune gêne face à une scène de triolisme gay). Un petit bijou savamment taillé, à coups de répétitions incessantes et de réécritures constantes et chorales. Un objet singulier qui évite miraculeusement de tomber dans les clichés. Car pourquoi, oui pourquoi, diront les bien pensants, s'intéresser à un club underground et très... libre, si le but premier était de parler d'amour vrai? Réponse : parce queue. John Cameron Mitchell montre que le sexe peut être à la fois une question d'hygiène intime et de grands sentiments, que le faire en riant ne veut pas dire qu'on s'en fout, et que s'en foutre de temps en temps est le meilleur moyen de remettre ses compteurs à zéro. Dans Shortbus il y a quelques gays (dont des travelos, un vieux monsieur et un auto-suceur), une sexologue sino-canadienne, un voyeur, un jeune bourge, une semi-pute à acessoires ; pourtant, il n'est jamais question de communautarisme ou de juger les uns par rapport aux autres. C'est juste le moyen de montrer que la vie peut être vue comme une grande partouze, où l'on est invité à participer activement mais où l'on a le droit de choisir avec qui.
Sous une légère couche de documentaire (les acteurs ont tous coécrit le film, s'inspirant parfois de leurs expériences personnelles), Shortbus est bel et bien une vraie fiction à regarder au premier degré et pas un objet arty qui érige le sexe en monument de je ne sais quoi. Divinement mis en scène par John Cameron Mitchell (un type absolument unique avec des miettes de Ferrara et Cassavetes), Shortbus est un grand film euphorisant, enthousiasmant, dont la belle énergie rend glouton et fait bander du cortex au bas-ventre.
9/10
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