Qui a vu un film d'Aki connaît le style Kaurismäki. Laconique, mutique, caustique, ironique, avec pas mal d'alcool et beaucoup de glace. Ces Lumières du faubourg n'échappent pas à la règle : hors de question pour le cinéaste finlandais de bouleverser son univers d'un iota. Cette absence totale de dépaysement peut légitimement lasser ; ou alors, on peut aimer la routine et entrer dans le film comme on met des pantoufles.
Si l'on accepte le train-train kaurismäkien, Les lumières du faubourg a tout d'un film plaisant. Sans être le plus drôle ni le plus désespérant de la filmographie de l'imposant finnois (le must dans ces deux registres étant le génial Au loin s'en vont les nuages), le dernier volet d'une trilogie dite "des perdants" ravit par le décalage imperceptible de ses dialogues, le poids hilarant de ses silences et le je m'en foutisme apparent de ses ellipses. Avec, en prime, une vraie ossature d'intrigue, et même, en poussant un peu, un hommage aux codes du film noir. Il y a le pigeon, la femme fatale, le commanditaire. Qu'on n'attende pas de rebondissements ni de tiroirs : le metteur en scène fait peu évoluer sa situation de départ, préférant se concentrer sur l'aspect dépouillé de son film. Il n'empêche, Les lumières du faubourg possède un vrai fil conducteur qui rend le cinéma de Kaurismäki un peu moins austère. C'est à la fois une qualité et un défaut.
À défaut de créer la surprise, Les lumières du faubourg a l'intérêt de montrer que la Finlande n'est pas qu'un énorme puits de sales gueules. Pour la première fois, Aki a choisi deux héros presque beaux, pas loin d'être désirables, ce qui donne plus de poids que d'habitude à une possible idylle. À condition bien sûr, que lorsqu'il parle à Mirja, Koistinen ose un jour regarder autre chose que le papier peint mauve et jaune de son salon tristoune. Décidément, Aki Kaurismäki est vraiment un type fascinant.
6/10
DIAMANT BRUT
Il y a 13 heures
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