
Sissako joue à fond la carte de la métaphore, souhaitant visiblement offrir un film qui fasse date sans pour autant livrer un machin trop lourd de sens et plus indigeste que le code pénal. Parfois, sa réflexion semble un peu biscornue, lorsqu'il montre un amusant western africain avec Danny Glover et Elia Suleiman en tête d'affiche. Là, difficile de comprendre où il veut en venir. Les interviews aideront, mais un film doit pouvoir se passer de compléments.
Dans Bamako, il y a un bijou nommé Aïssa Maïga, femme magnifique doublée d'une actrice de talent. Seulement, une nouvelle fois, les quelques séquences où elle apparaît semblent parfois d'une utilité discutable. Seul intérêt visible : adoucir le film et lui ôter la légère austérité dont il peut faire preuve.
Filmé comme un reportage, "joué" par des non-acteurs dans leur presque propre rôle (avocats, juges, intellectuels), Bamako n'a pourtant pas de prétention documentaire : il entend simplement montrer la condition peu enviable d'une Afrique à deux vitesses. Il y a ceux qui se battent pour la dignité de leur pays, et ceux qui essaient d'abord de vivre pour eux, refusant de porter la peine des autres sur leur propre dos. Conclu par une série de scènes magnifiques et bouleversantes et pleines de sens, le film de Sissako est un joyau imparfait mais vraiment précieux, qu'il convient de découvrir pour comprendre que l'Afrique n'est pas seulement ce qu'on en voit dans nos journaux d'informations.
8/10
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