
Dans Paris est un film génial sans en avoir l'air, une pièce d'orfèvre forgée au burin, une captation de la vie aérienne et transcendentale. Rien ne résiste à Honoré : qu'il autorise à l'un de ses personnages des apartés risqués avec le spectateur ou qu'il remplace de laborieuses mises au point sentimentales par une stupéfiante scène chantée, tout fonctionne, tout étonne. C'est juste magnifique. Comme ses deux précédents films l'avaient laissé supposer, Honoré est un metteur en scène gigantesque, avec ses images d'une beauté sans nom et son montage fluide car saccadé. Mais là où l'intellectualisation poussée de 17 fois Cécile Cassard et Ma mère pouvaient enfin de compte rebuter le spectateur, Dans Paris fait preuve d'une modestie touchante car pas fabriquée. Le réalisateur filme comme il respire (expression cliché qui trouve pourtant tout son sens ici), avec ce que ça comporte de quintes de toux et de crises d'asthme. Et son trio d'acteurs touche au divin, tantôt hilarant, tantôt poignant. Il y a Romain Duris, barbe de cent jours, peignoir bukowskien, qui soigne son spleen carabiné en chantant du Kim Wilde sur son lit ; il y a Louis Garrel, enfin débarrassé de soin imagerie tête-à-claques, impeccable en jeune loup dont les audaces amoureuses et les fantaisies payent toujours ; et puis il y a Guy Marchand, comme une révélation, paternel rigolard et aimant qui aurait plus d'une raison de se coller la tête dans le four. Ces trois-là sont ce qu'on a vu de mieux dans le cinéma français depuis des lustres. Il n'en fallait pas moins pour faire de Dans Paris un petit chef d'oeuvre qui donne envie de vivre et de crier, un petit miracle qui nous tombre sur le coin du nez, et tout bêtement le film de l'année. Que ce soit dit.
10/10
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