Il y a deux ans tout juste, le duo Delépine-Kervern sortait la tête de son Groland natal pour livrer un Aaltra laconique et singulier, réussite esthétique entre "Strip-tease" et Kaurismäki. Aujourd'hui, Ben & Gus reviennent avec un projet apparemment plus ambitieux : Avida est une fresque surréaliste qui fait penser à Buñuel, Lynch, Waters, Dali et qui rend des hommages à peine voilés à quelques-uns d'entre eux. C'est d'ailleurs le premier grand écueil du film : fonctionner toujours "en référence à", sans jamais prendre l'échappée belle loin de tous ces modèles ô combien écrasants. Pas un plan qui ne soit hanté par l'ombre d'un autre artiste.
Dès le début, on est comme écrasé sous le poids du film. Les citations à la pelle, les plans rigides mais pas toujours inspirés, l'enchainement a priori sans cohérence de séquences inégales : ce qu'on aurait adoré adorer prend vite l'aspect d'un chemin de croix. Loin du séduisant noir et blanc de Aaltra, l'image est obstinément fixe et crasseuse, même quand certains éléments du scénario auraient mérité un peu de mouvement et de soin. Rien de tout cela n'a grand sens, et l'on sait déjà que la fin sera un autre grand moment de déception : soit les réals nous offrent clé en main un plan du puzzle irréel que l'on a plus ou moins subi pendant une heure quinze, et c'est agaçant de didactisme, soit ils nous plantent là comme des cons et l'incompréhension totale mêlée à l'ennui provoquent une rage féroce. En fait, le résultat oscille entre les deux : il semblerait que Delépine et Kervern tentent une sorte d'explication, mais on n'y voit goutte dans ce brouillard poisseux.
On sort d'Avida abattu par la déception. Seules demeurent dans un coin de la tête quelques images marquantes par leur force visuelle et un ou deux gags pince-sans-rire plutôt réussis. C'est maigre comparé au potentiel de notre fine (?) équipe.
3/10
DIAMANT BRUT
Il y a 1 jour
Laissez le premier commentaire sur “AVIDA”
Enregistrer un commentaire