
On connaît la sobriété de Ken Loach et sa capacité à disparaître derrière son sujet pour mieux le mettre en valeur. On connaît son abnégation et sa volonté de dénoncer les multiples dégueulasseries que nous offrent l'Histoire et ceux qui la font. Mais si Le vent se lève ne remet en cause aucun de ces principes, le film possède une dimension supérieure, rarement atteinte chez Loach.
Tout d'abord, exit le côté didactique qui en a agacé plus d'un : par la grâce de scènes aussi brillamment écrites que mises en scènes (dont une de débat à tomber à la renverse), Loach exprime les divergences d'opinion et les nuances autour d'un même problème sans donner de leçons ni tomber dans le piège du parti pris.
Ensuite, plutôt que de se contenter d'un témoignage historique édifiant aux seules vertus pédagogiques, Loach et son fidèle compère Paul Laverty transforment le film en un véritable drame humain avec son lot de scènes coup de poing (sans pour autant tomber dans le racolage). Il y a là-dedans des séquences purement abjectes, qui en disent plus long sur la noirceur de l'esprit humain que bien des scènes de torture (du coup, celles-ci passeraient presque comme une lettre à la poste).
Ce film glaçant et déchirant ne serait pas aussi réussi s'il n'y avait à sa tête Cillian Murphy, pas toujours à son avantage ailleurs mais tout bonnement ahurissant ici. Il est rare que Ken Loach emploie des acteurs connus, mais il ne peut que se féliciter de l'avoir fait pour Le vent se lève, monument d'émotion, petit miracle de cinéma, qui n'a sans doute pas volé sa Palme d'Or.
9/10
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