4 nov. 2006

L'ACCORDEUR DE TREMBLEMENTS DE TERRE

Ça arrive de temps à autres : sortir d'une salle de cinéma en n'ayant absolument rien compris. Ça peut arriver même aux meilleurs d'entre nous (la preuve). Mais avec les frères Quay, ce n'est pas si étonnant. Déjà leur premier film, Institut Benjamenta, était une sorte de casse-tête insoluble, une succession de vignettes mélancolico-frappadingues. Un objet insaisissable dont la cohérence nous échappe même s'il est à peu près certain que pour ses drôles d'auteurs, tout y a un sens. Avec L'accordeur de tremblements de terre (joli titre), les jumeaux timbrés remettent le couvert avec une histoire de... de... de. Inutile d'essayer de dénouer l'intrigue, ce serait comme défaire les lacets de ses chaussures avec des gants de boxe. On pense à Guy Maddin et à son récent The saddest music in the world (mais en moins bruyant). Ou encore à Eraserhead. Le cinéma des Quay fait naître une sorte de poésie surréaliste et onirique où les images inexplicables et les dialogues improbables se succèdent sans jamais laisser de répit. On ne sait jamais trop si on a rêvé ou non. On n'est jamais bien sûr d'avoir entendu ce qu'on vient d'entendre. Et surtout, on ne sait jamais d'où l'on vient, pas plus que là où l'on va. En étant très coopérant, on peut se laisser bercer par des images totalement inédites, entre opacité brumeuse et sépia éthéré, et plonger dans les méandres d'un cinéma pas comme les autres. On peut aussi rester totalement extérieur à cet univers infondé qui n'a pas véritablement de raison d'être. Drôle et mélancolique, alternativement superbe et ennuyeux à mourir, L'accordeur de tremblements de terre est une sorte d'expérience, comme essayer une drogue totalement inoffensive. Tout cela fonctionne tout de même moins bien qu'Institut Benjamenta, où une sorte de mystère planant condamnait le spectateur à ne jamais lâcher prise des fois qu'une clé lui échaperait. Ici, pas la trace d'une clé, pas même l'ombre d'une clé. Pour les plus terre-à-terre d'entre nous, cela peut être fatal.
5/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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