17 sept. 2006

DES SERPENTS DANS L'AVION

On ne vend pas la peau du culte avant de l'avoir tué. C'est à peu près le seul enseignement à tirer de ce Des serpents dans l'avion aux yeux bien plus gros que le ventre. Annoncé depuis des lustres comme l'objet cultissime du siècle, le film furieusement cool dont tout le monde rêve, Snakes on a plane n'est qu'une baudruche toute fripée avant même d'avoir été gonflée.
Présenté comme un nanar assumé, Des serpents dans l'avion utilise ce statut prestigieux (si si) comme un bouclier lui permettant d'étaler sa médiocrité sans être atteint par les critiques. C'est vrai qu'on ne sait pas bien par quel bout saisir le film de David R. Ellis.
Tout d'abord, il y a le côté film catastrophe, dans lequel une myriade de serpents surexcités dézingue un à un les passagers d'un avion. Salement filmé, cet aspect-là du film ne dépasse jamais son point de départ, et provoque au mieux quelques sursauts polis ou un peu de dégoût (ça fait toujours mal d'imaginer un serpent vous avaler le chibre mon bon monsieur, ou vous arracher le sein chère madame). Le développement prévisible et tout mou de ce qu'on appelle communément "intrigue" laisse place à une fin sans suspense ni apothéose.
L'autre aspect de ces Serpents dans l'avion est la comédie à tendance nanar, où les répliques sont volontairement nulles, les personnages complètement cons et les situations improbables. Après avoir patienté le temps d'un prologue inutile et sans saveur, on a en effet droit à quelques scènes brèves mais prometteuses dans lesquelles les bébêtes à sang froid passent pour de vrais obsédés sexuels (voir les exemples plus haut). Pendant quelques minutes, on se croirait effectivement revenu dans l'une de ces vieilles séries Z où il importait autant de faire trembler le spectateur que de lui montrer des filles à poil. Et puis d'un coup, le film rebascule dans l'aspect purement "dramatique" pour laisser de côté l'imagerie kitsch et la débilité débridée qu'on aurait souhaité qu'il possède.
Résultat : un film en forme de rien qui ne convainc sur aucun plan. Le temps semble très très long en compagnie de ces serpents ni effrayants ni rigolos. Et même Samuel L. Jackson, pourtant le héros idéal de ce genre de film, ne lui donne aucun piment. Voilà ce qui arrive quand on oublie que c'est le spectateur qui rend tel ou tel film culte, et pas juste le bon vouloir de quelques producteurs : ça fait certes vendre plein de t-shirts mais le public ne se rend pas au rendez-vous en masse. Sur une histoire vaguement voisine, mieux vaut revoir le célèbre (et culte, lui) Anaconda de Luis Llosa, nanar horrifique dont on ne sait plus vraiment si l'hilarité qu'il provoque est volontaire.
3/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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