2 juin 2006

HOOLIGANS

Une bonne nouvelle a priori : Hooligans est réalisé par une femme. L'occasion d'offrir peut-être un autre regard sur un phénomène inquiétant et durable. Hooligans suit Matt, jeune étudiant en journaliste fraichement viré de Harvard, qui débarque en Angleterre et découvre les joies du hooliganisme avec Pete, le beau-frère de sa soeur.
Le début est banal mais acceptable : Matt, c'est Elijah Wood, et sa tête de poussin meurtri semble parfaitement choisir pour nous offrir le regard extérieur d'un type sensé et raisonnable. Et en effet : violents, racistes, haineux, sans morale, bêtement cons, les hooligans du film sont des êtres médiocres et détestables qui sèment la panique et la bêtise partout où ils passent. Si on n'apprend pas grand chose, on est conscient que ce portrait exhale un vrai parfum d'authenticité. Ceux-là "supportent" le club de West Ham (même si au bout du compte il n'est guère question de football), mais tous, qu'ils soient d'Angleterre ou d'ailleurs, semblent répondre aux mêmes codes faits d'honneur (gasp), de grosses pintes (slurp) et de pains dans la gueule (ouille).
Par la suite, ça se gâte sérieusement. Lorsque Matt, happé par un tel déferlement de violence, se prend au jeu, le film prend vraiment un sale tournant. Wood n'est alors plus du tout crédible : il faut le voir serrer ses petits poings rageurs et serrer les dents avant d'aller casser du british. Qu'il batte Gollum, passe encore ; qu'il vienne à bout d'un colosse plein de muscles, rien à faire. Mais la prestation de Wood est loin d'être le plus encombrant : à mesure que la fin se rapproche, Hooligans devient une sorte d'éloge des hooligans, ces mecs si tendres au fond de leur coeur, et au sens de l'honneur vraiment admirable. Complètement premier degré, l'épilogue indique sans nuance qu'en participant à toutes ces bastons sauvages et en proférant des injures racistes à tire-larigot, le héros a vécu les plus belles heures de sa vie. Il s'en souviendra avec une petite larme au coin de l'oeil. Une larme qui sent la pisse rance pour une morale franchement douteuse. Mieux vaut revoir dix mille fois l'excellent mais méconnu I.D., de Philip Davis, qui sur le même thème offrait un traitement autrement plus cinglant et intelligent.
2/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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