DANS LA PEAU DE JACQUES CHIRAC

Il aime le grosse bouffe, c'est une feignasse de première et c'est un super menteur. Voilà un bref portrait, à peine caricatural, d'un certain JC (non, pas Jésus-Christ), président de notre bonne vieille France depuis maintenant onze ans (mais plus pour longtemps). A travers de nombreuses archives, Karl Zéro et Michel Royer dressent la tableau d'un mec qui a su écraser les autres pour arriver au pouvoir mais qui ne sait pas quoi faire maintenant qu'il y est arrivé.
S'il faut reconnaître le caractère titanesque du travail de Royer & Zéro, Dans la peau de Jacques Chirac n'est pas vraiment un documentaire éblouissant. Les deux auteurs ont privilégié le côté bouffon de Chirac au détriment d'une analyse plus poussée de ses actes et propos. Deux problèmes se posent. D'abord, était-ce vraiment une riche idée que d'avoir fait interpréter la voix off par Didier Gustin imitant le président? Et ensuite, pourquoi s'aventurer sur des terres explorées si fréquemment et si brillamment par les Guignols, qui étaient à la fois plus drôles et plus crédibles dans leurs envolées satiriques? Opposant binairement les propos contradictoires de Chirac pour montrer qu'il ne sait pas ce qu'il dit, Zéro et Royer cèdent à la facilité. Appliquées à n'importe quel homme politique, et même à n'importe quel être humain (y compris soeur Emmanuelle ou Gandhi), ce genre de méthode fonctionnerait quand même.
Finissant par se résigner à l'idée que Dans la peau de Jacques Chirac ne sera jamais rien de plus qu'une comédie grasse, on prépare alors les zygomatiques. Et alors? Pas grand chose. Les images les plus drôles ont été vues mille fois à la télévision, et les autres sont assez ordinaires. La seule scène vraiment saisissante du film se déroulant off juste après un débat Chirac/Jospin pour la présidentielle 1995 : on y voit les deux candidats faire poliment le point sur leur affrontement, juste assez engagé mais sans coups bas, "comme l'aiment les Français".
A part ça, encéphalogramme plat. S'il n'a plus sa place à la télévision, on peut douter que Karl Zéro fasse une grande carrière dans le cinéma.
4/10