19 mai 2006

VOLVER

Quand Ruth Rendell rencontre "Plus belle la vie...", ça donne Volver ("revenir"). Et la cuvée 2006 de chez Almodóvar est plutôt un bon cru. Oubliant les pitchs racoleurs à faire frémir d'envie Jean-Luc Delarue ("je suis amoureux d'une comateuse", "le curé de ma paroisse m'a tripoté" et autres), Pedro signe un mélo au sujet et au traitement plutôt délicats par rapports à ses habitudes.
Volver suit deux soeurs madrilènes, Raimunda et Sole. La première, poussée par des circonstances inattendues, se retrouve prête à exaucer ses désirs d'émancipation et d'indépendance. La deuxième voit réapparaître leur mère, pourtant morte quinze ans plus tôt dans un incendie. Et si le polar flirte toujours avec le mélodrame, c'est ce second courant qui l'emporte. Qu'importe le cadavre dans le congélateur et autres affaires louches. Tous ces éléments ne sont là que pour dresser le bouleversant portrait de deux soeurs en manque d'amour qui cherchent leur chemin dans la vie.
Après une malheureuse parenthèse masculine nommé La mauvaise éducation, Almodóvar confirme qu'il est le cinéaste des femmes. De toutes les femmes. Ni travesties ni putes, ses héroïnes sont des personnes somme toute très ordinaires (du moins à la base). D'où un certain ébahissement lorsqu'il parvient à en faire des personnages surréalistes et éblouissants.
Volver semble quasiment débarrassé des habituels travers almodovaresques : scatologie, sexe trop débridé et travelos dans les placards, devenus trop routiniers, ont disparu. C'est une excellente nouvelle pour un cinéaste qui semble enfin trouver la voie de la maturité. Et une explosion totale pour Penélope Cruz, tout bonnement phénoménale, et dont les yeux qui brillent nous font oublier sa récente (et hasardeuse) filmographie.
Si les vertus lacrymales de Volver semblent plus faibles que celles de Tout sur ma mère et Parle avec elle, il semble qu'à long terme le film soit plus émouvant, comme galvanisé par tant de sobriété; Il n'y a qu'à voir la fin, qui arrive sans tambour ni trompette. Quand le générique arrive, on n'arrive pas à croire que deux heures aient passé et qu'on doit déjà quitter ces personnages. Sauf qu'on ne les quitte pas tout à fait : ils resteront ancrés dans les crânes et dans les coeurs pour une paire d'années.
8/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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