C.R.A.Z.Y.

Ils sont cinq frères : Christian, Raymond, Antoine, Zachary et Yvan (devinez pourquoi le film s'appelle C.R.A.Z.Y.). Le quatrième, Zach, est "différent". Le deuxième, Raymond, se came, mais ça n'inquiète pas grand monde. Non, le vrai problème de la famille Beaulieu, c'est le quatrième, Zach, vraiment trop "différent". C'est-à-dire probablement homosexuel.
Raconté du point de vue de Zachary, le film de Jean-Marc Vallée même une saga familiale à la vie complexe et complexée d'un pauvre jeune homme qui se cherche et refuse de s'assumer. Passée la drôle de sensation due au fait de voir un film en langue française avec des sous-titres français (souvent nécessaires mais déconcertants), C.R.A.Z.Y. s'impose comme un film original qui s'autorise quelques audaces formelles, saute parfois dans tous les sens mais retombe toujours sur ses pattes.
Le plus réussi dans le film est ce tangage incessant entre rires et larmes. À cet égard, la scène où les parents de Zachary se disputent après avoir réalisé que leur fils était probablement gay est une petite merveille. C'est à la fois très grave (le père n'acceptera jamais l'homosexualité de son fils) et extrêmement drôle (quand sa femme démonte un par un tous ses préjugés). Si cette combinaison marche un peu moins bien par endroits, elle donne à C.R.A.Z.Y. un intérêt certain, qui ne retombera jamais pendant le film.
Rythmé par une excellente B.O. (au sommet de laquelle on trouve le "Space Oddity" de David Bowie), C.R.A.Z.Y. est une chronique touchante, tellement prenante qu'on en oublie pour une fois de se moquer des expressions et accents québécois (si quelqu'un veut savoir ce que veut dire "manger une graine", qu'il m'écrive).
Des gens comme Jean-Marc Vallée ou Robert Lepage nous prouvent que le cinéma du Québec ne se résume pas à Denys Arcand. C'est sacrément rassurant.
7/10