6 avr. 2006

WASSUP ROCKERS

Pour la première fois de son appréciable filmographie, Larry Clark suit la jeunesse américaine sans se focaliser sur sa vie sexuelle. Et pour cause : si la plupart d'entre eux ont déjà connu les joies de la fornication, leur moyenne d'âge est de 14 ans. Un âge un peu bâtard, entre l'enfance (où rien n'est plus important que le skate et les potes) et la pure adolescence (où un joli décolleté vaut mieux qu'un long discours). Étonnamment pudique, Clark décrit les émois sexuels de ses héros en jouant la carte du hors-champ. Que celui qui attendait le nouveau Clark pour se faire une nouvelle tranche de sexe juvénile et racoleur passe son chemin : le Larry nouveau est arrivé. Il suit sept jeunes skaters latinos de Los Angeles, interprétant tous plus ou moins leur propre rôle. Ça fait malheureusement penser aux Seigneurs de Dogtown, le sympathique film de skate de Catherine Hardwicke. Pourquoi malheureusement? Parce que la touche Clark a quasiment disparu. Exit son regard sans concessions sur l'état de nos pauvres jeunes. Exit son ton laconique et détaché. La première partie du film, très documentaire, se contente d'enregistrer de manière très linéaire les états d'âme de certains d'entre eux. Rien de bouleversant ni d'édifiant. Beaucoup de scènes semblent être là pour faire du remplissage, et c'est bien dommage. Ensuite, la deuxième moitié du film s'attache à montrer le regard décalé des riches blancs de Beverly Hills sur ces petits mecs en t-shirt noir, pantalons serrés, duvets plus-que-naissants et points blancs apparents. Ça se veut décalé et drôle, c'est tout de même assez plat (pour du Clark, en tout cas). Célébrité à la gâchette facile (bonjour monsieur Heston), jeunes blondasses en manque de sensations fortes (hello, miss Hilton), photographe efféminé, quarantenaire avide de chair fraîche... Ça sent un peu le cliché à tout bout de champ, et le ton de semi-comédie est légèrement vaseux. Puis le vrai Clark reprend ses droits, et la balade à L.A. finit par vraiment mal tourner. Trop tard pour réveiller notre intérêt. Le fait que Clark se soit assagi n'est vraiment pas une bonne nouvelle. Pourvu qu'il retravaille vite avec Harmony Korine.
5/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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