20 mars 2006

TRUMAN CAPOTE

Jusqu'où peut-on aller pour écrire un grand livre? Peut-on se servir d'êtres de chair comme de simples personnages de roman? c'est quoi, la dignité? Truman Capote pose de nombreuses questions comme celle-ci, et y répond avec un brio étonnant. Bennett Miller livre un grand film, froid, distant et sans concessions. On suit un homme sans scrupules, un dandy mondain à la voix précieuse, un écrivain talentueux mais aux méthodes encore plus douteuses que celles d'un scribouillard de tabloid. Philip Seymour Hoffman prête à ce personnage détestable son regard méprisant et méprisable, son mélange de bonhommie sucrée et de froideur clinique, avec un talent que mille Oscars ne suffiraient pas à récompenser. Lent, tendu, plein de malaise, le film est une description formidable des méthodes d'un type qui n'a pas hésité à faire ami-ami avec deux condamnés à mort juste pour faire un bouquin plus documenté, avant de les lâcher comme des vieilles chaussettes pour pouvoir donner une fin à son livre. A la fin du film, Bennett Miller et son scénariste Dan Futterman (le beau gosse de Shooting fish) laissent entendre qu'éventuellement Capote aurait un coeur, voire même un peu d'âme et de compassion. On n'en croit rien. Salaud ultime, fascinant de perversion, Truman Capote est l'un des personnages les plus étonnants de l'année. Au choix, ça peut donner envie de (re)découvrir "De sang-froid" (un pavé certes bien écrit mais vraiment trop long et ennuyeux, selon moi) ou de tirer définitivement une croix sur ses envies de découvrir un auteur bien plus spécial qu'on ne le croyait.
10/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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