4 nov. 2005

RENCONTRES À ELIZABETHTOWN

Il y aura toujours des gens pour vous marteler le crâne en vous serinant que Garden State est le film spleenesque de l'année. Je ne suis pas d'accord. Mais alors pas du tout. Comme Cameron Crowe n'est pas né de la dernière pluie, son film n'est pas un simple constat suicidaire sur la solitude-comme-c'est moche. Bah oui, quoi. Drew (Orlando Bloom, surprenant de maturité) veut se suicider à coups de vélo d'appartement (idée à retenir) parce qu'il a fait perdre près d'un milliard de dollars à sa boîte à cause du fiasco de la chaussure qu'il a dessinée. Trop jeune pour avoir connu une si belle réussite, trop jeune pour connaître une si grosse foirade, il part dans le Kentucky retrouver la dépouille de son père. Là où Zach Braff aurait dépeint un type qui prend des anxyolitiques et tire une tronche de trois pieds de long en parlant de la mort de sa pauvre môman, Crowe a l'amabilité de ne pas bander mou, expédie rapidement les projets de suicide du héros, pour se jeter en plein dans la gueule du loup. Première morale du film (la plus importante) : être mélancolique n'est pas un défaut. la mélancolie est un droit. Par moments, c'est presque un devoir. Il faut cultiver sa mélancolie. On a le droit d'aller mal. Tant qu'on ne se plaint pas à tous les gens qui passent, la déprime est le droit le plus foutrement indispensable de l'histoire de l'humanité. Et ça, si Drew ne l'a pas compris, il y a une Claire (Kirsten Dunst) qui se charge de le lui faire comprendre. À la suite d'une rencontre un brin téléphonée (puis très téléphonique), elle va lui remettre les pieds sur terre, lui coller deux baffes et lui remettre sa vie entre les mains. Elizabethtown conte une solitude qui se vit à plusieurs. Quand certains s'apprêtent à se marier et à crier à grands renforts de flonflons leur amour à la terre entière, Drew et Claire ne sont pas dupes. Toute cette débauche dénergie destinée à montrer son amour, n'est-ce pas là la preuve la plus évidente que l'on est absolument (et définitivement) seul au monde? Film déprimant mais pas dépressif, le film tente de conclure sur une note plus enjouée, et une conclusion sucrée et apparamment ordinaire mais pas forcément débile : la vie, c'est foutrement chouette. À nous de choisir comment la vivre.
9/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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