Deux années après Hostel, Eli Roth revient, plus confiant que jamais. Il faut dire qu'il fait désormais partie de l'écurie Tarantino, tellement respecté par le roi Quentin qu'il a été chargé de réaliser l'une des fausses bandes-annonces qui relient les deux segments du projet Grindhouse version US. Auréolé du joli succès de Hostel, Roth remet le couvert, annonçant aux spectateurs du monde entier qu'il a l'intention de leur en mettre plein la tronche. Cela semblait être le credo de Hostel – chapitre II : reprendre le même postulat que pour le premier épisode (Slovaquie, une auberge, un centre de torture professionnelle) en l'adaptant au féminin, et surtout en décuplant le degré d'horreur. Le film est une nouvelle preuve du fait qu'agir, c'est mieux que l'ouvrir : les scènes d'horreur sont rares, brèves et souvent frustrantes, pour la plus grande déception du spectateur. Il aura fallu attendre trois quarts d'heure pour assister aux premières exactions : comme dans le volet précédent, Roth expose tranquillement le voyage des héroïnes et comment elles s'apprêtent à tomber dans le piège slovaque. Le fait que les personnages principaux du film soient cette fois des femmes rend le début de film moins beauf, plus sexy. Ce qui n'empêche pas une certaine impatience de passer aux choses sérieuses.
Autre nouveauté : Roth se place également du point de vue des bourreaux en herbe, et notamment deux cadres américains venus se payer du bon temps. Chose amusante : les deux acteurs (Richard Burgi et Roger Bart) sortent tout droit de Desperate housewives, preuve que côtoyer les habitantes de Wisteria Lane ne peut que donner envie de tuer. La montée en puissance s'opère, une première scène (ce qu'on appelle littéralement un bain de sang) semble sonner le début des réjouissances… et puis d'un coup, plus rien. Ou plus grand-chose. Car à la faveur d'un retournement du scénario, les tortures prévues et annoncées n'auront pas lieu (pour la plupart). Le suspense de Hostel était certes putassier mais il était bel et bien palpable ; ici, non. Le film se termine avant même d'avoir vraiment commencé, confirmant qu'Eli Roth, à défaut d'un grand talent, possède surtout une grande gueule.
On a définitivement à faire à un ado attardé, qui cherche à choquer à tout prix ; sauf que là où le teenager lambda se contente de montrer son trou de balle aux copains, Roth se sert de sa caméra et livre des scènes dont la gratuité n'a d'égal que la vacuité (en plus de n'avoir aucun lien avec le reste de l'intrigue). Il y a notamment une scène avec une bande d'enfants qui semble n'avoir été faite que pour scandaliser le public. Alors que la seule raison pour laquelle on peut la trouver choquante, c'est qu'elle est absolument nulle. Après l'apparition de Takashi Miike dans le numéro 1, c'est autour de Ruggero Deodato (auteur réputé du terrible Cannibal holocaust) devenir faire un coucou au détour d'une scène de cannibalisme ; ce clin d'œil ô combien amusant est l'estocade fatale subie par le film, qui montre à quel point Roth est un cinéaste miteux qui se contente de copier ses modèles en priant pour que ça passe. Il risque de ne plus faire illusion longtemps.
4/10
DIAMANT BRUT
Il y a 1 jour
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