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20 févr. 2008

NOS SOUVENIRS BRÛLÉS

Il est toujours un peu effrayant de voir des cinéastes qu'on aime quitter leur pays natal et débarquer aux États-Unis pour tenter d'élargir leur audience. Ce genre d'évènement constitue un test particulièrement casse-gueule, qui a le mérite de permettre une distinction aisée entre les tocards ne faisant plus guère illusion une fois hors de chez eux (dernier exemple en date : Wong Kar-wai) et les cinéastes incorruptibles et inatteignables (par exemple Bent Hamer). Réalisatrice danoise de grand talent, Susanne Bier obtient aisément son ticket pour la deuxième catégorie, offrant avec Nos souvenirs brûlés un drame plein et poignant qui ne dépare pas à côté de ses précédentes oeuvres.
Une fois encore, Susanne Bier explore avec tact sa figure favorite : le triangle. La grande première de Nos souvenirs brûlés, c'est que cette figure géométrique est mise à mal de deux manières. D'abord, l'un des trois protagonistes est décédé, n'apparaissant que lors de flashbacks disséminés de façon irrégulière dans le film ; ensuite, et surtout, on ne peut pas réellement parler de triangle amoureux. Si la relation entre la veuve éplorée et le meilleur ami du défunt ne demande qu'à évoluer et constitue le noyau du film, il n'est pas dit qu'elle se transforme en une simple histoire d'amour et de deuil. Nos souvenirs brûlés, c'est l'histoire d'une reconstruction commune, celle de deux êtres blessés par cette disparition impromptue et par d'autres zones d'ombre. Bien dirigée, Halle Berry trouve ici son meilleur rôle, succédant à merveille à quelques actrices danoises plus ou moins connues mais toutes aussi talentueuses (notamment Connie Nielsen). Quant à Benicio del Toro, il prête idéalement son faciès pas commun à un personnage difficile parce que très plombant sur le papier.
Nos souvenirs brûlés marque pour Susanne Bier un vrai retour à la simplicité qui fit la réussite de ses meilleurs films, elle dont les scénarios tirés à quatre épingle tirent parfois un tout petit peu trop sur la corde du mélodrame. Cette sobriété exemplaire est à la fois l'atout numéro un et le facteur qui limite la portée d'un film à la sortie confidentielle : deux heures de long-métrage sans réel rebondissement, c'est difficile à vendre. Dommage pour une cinéaste qui n'a rien perdu de son intégrité et de son style, et qui parviendra à force de persévérance à séduire le plus grand nombre tout en préservant la qualité fragile de son univers.
8/10

2 juin 2007

AFTER THE WEDDING

On a beau n'avoir découvert en France que les pièces les plus récentes de sa filmographie (trois sorties françaises sur une dizaine de longs métrages), Susanne Bier est installée depuis quelques temps déjà parmi les auteurs qui comptent, ceux dont on attend le film suivant avec impatience. Auréolé d'une réputation flatteuse (comme d'habitude, la nomination à l'Oscar en plus), After the wedding vaut le coup d'oeil. Comme souvent, Bier met en scène un triangle amoureux, selon le principe qui veut que les absents aient toujours tort.
Après un handicap fulgurant ou une douloureuse escapade en Irak dans les précédents films, c'est cette fois un dévouement total envers une oeuvre humanitaire qui va pousser le personnage principal (Mads Mikkelsen, grande classe) à passer à côté de l'amour de sa vie. Les premières images donnent le ton : on nage dans le mélodrame, mais un mélodrame une fois encore pudique et digne. La mise en scène de Susanne Bier est le révélateur parfait de sentiments humains mitigés. La caméra à l'épaule se fait discrète et évite les soubresauts, favorisant la proximité sans jamais effrayer le spectateur. C'est juste très beau.
Il faut évidemment sortir le film du reste de l'oeuvre de Bier. Au petit jeu des comparaisons, After the wedding ne sort pourtant pas si gagnant : trop longs par moments, le films souffre surtout d'une dramatisation un peu chargée en fin de course, là où Open hearts ou Brothers avaient élégamment flirté avec la ligne blanche sans jamais la franchir. Peu de chose face à l'intensité et à la puissance visuelle d'un cinéma élégant qui donne un sérieux coup de jeune à des histoires qu'on croyait trop simples.
7/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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