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9 sept. 2009

36 VUES DU PIC ST-LOUP

La grande originalité de 36 vues du pic St-Loup, c'est qu'il dure moins d'une heure et demie alors que c'est un film de Jacques Rivette. Le cinéaste français a toujours aimé prendre son temps, voire même proposer des versions longues de ses oeuvres, et la rapidité de celle-ci a quelque chose de réellement intrigant. C'est finalement assez logique, puisque le film est l'histoire d'une brève rencontre, quelques jours seulement dans la vie de deux êtres. Et c'est bien suffisant, tant cette rencontre ne semble appartenir qu'aux personnages et ne jamais nous concerner. Si le décor qu'il plante à la va-vite - un cirque au succès quasi nul - a son petit attrait, il ne sert en vérité qu'à faire tourner en rond les protagonistes et le spectateur.
Si le personnage de Sergio Castellitto, éternellement génial dans son registre drôlement désabusé, sait se faire attirant, celui campé par Jane Birkin est complètement désincarné alors que Rivette espérait manifestement le rendre mystérieux. Ce qui provoque un déséquilibre bien gênant : on aime déambuler avec lui dans le campement des saltimbanques, mais on s'ennuie ferme dès qu'il s'agit de percer les petits secrets de la troupe qu'elle dirige. Rivette filme avec liberté mais sans génie des scènes de cirque atteignant - volontairement - des sommets de pathétique, menées par des clowns atteints de spleen chronique. De jolis moments, parfois drôles, gentiment poétiques, jamais renversants.
Il y a dans ces 36 vues... des vignettes sympathiques, des instants attachants, des personnages bien campés. Ne manque en fait qu'un ciment nommé scénario, capable de donner un peu d'unité à ce qui peine à ressembler à un vrai film. Et si Rivette, pour convaincre, avait tout simplement besoin d'installer ses situations dans la durée, raison pour laquelle certaines de ses oeuvres précédentes étaient si longues (jusqu'à 12h40 pour Out 1) ? Ses 36 vues du pic St-Loup, quoi qu'il en soit, sont si superficielles qu'elles semblent vouées à un oubli immédiat.




36 vues du pic St-Loup de Jacques Rivette. 1h24. Sortie : 09/09/2009.
Critique publiée sur Écran Large.

22 août 2007

LE METTEUR EN SCÈNE DE MARIAGES

Fuir. Fuir pour échapper aux emmerdes, aux conventions, à l'ennui qui guette. C'est le choix de Franco Elica, réalisateur fatigué, qui part sans se retourner pour aller faire le point en Sicile. Le metteur en scène de mariages est un film profondément pessimiste, la radiographie terrible d'un homme (et d'un pays) en perte de vitesse, mais qui trouve son salut dans une expression poétique et éclatante de son désespoir. Brillamment incarné par un Sergio Castellito entre Droopy et Zébulon, Elica est de ceux qui, selon la formule de Beaumarchais, se pressent de rire de tout de peur d'être obligés d'en pleurer.
À l'image de son héros, Marco Bellocchio cultive sa déprime avec une vigueur proprement stupéfiante. Sans cesse en mouvement, il multiplie les expérimentations au gré d'une mise en scène qui s'amuse avec les textures (déformations, caméra amateur...). Idéal pour coller à un scénario foutraque, le bordel ambulant le plus jouissif qu'il ait été donné de voir depuis bien longtemps, sautant dans tous les sens comme une balle rebondissante, mais retombant toujours sur ses pattes d'une faiçon assez prodigieuse. Il faut une dizaine de minutes pour se faire à l'ambiance et au rythme du Metteur en scène de mariages, mais lorsque le film s'empare de vous, c'est pour ne plus vous lâcher, emportant tout sur son passage.
Les amoureux, les croyants, les lâches : Bellocchio n'épargne rien ni personne dans un film beau comme un vieux disque de jazz, plein de ces imperfections qui font les oeuvres les plus marquantes. Pas de doute : après une fin de siècle assez pénible, le metteur en scène italien a pleinement trouvé sa place au coeur des années 2000. Le metteur en scène de mariages est de ces films qui s'impriment de façon durable dans les crânes et les coeurs de ceux qui font le pari de suivre Franco Elica sans sa course sans but. Il serait juste impardonnable de passer à côté.
9/10
(également publié sur Écran Large)
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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