
Si le personnage de Sergio Castellitto, éternellement génial dans son registre drôlement désabusé, sait se faire attirant, celui campé par Jane Birkin est complètement désincarné alors que Rivette espérait manifestement le rendre mystérieux. Ce qui provoque un déséquilibre bien gênant : on aime déambuler avec lui dans le campement des saltimbanques, mais on s'ennuie ferme dès qu'il s'agit de percer les petits secrets de la troupe qu'elle dirige. Rivette filme avec liberté mais sans génie des scènes de cirque atteignant - volontairement - des sommets de pathétique, menées par des clowns atteints de spleen chronique. De jolis moments, parfois drôles, gentiment poétiques, jamais renversants.
Il y a dans ces 36 vues... des vignettes sympathiques, des instants attachants, des personnages bien campés. Ne manque en fait qu'un ciment nommé scénario, capable de donner un peu d'unité à ce qui peine à ressembler à un vrai film. Et si Rivette, pour convaincre, avait tout simplement besoin d'installer ses situations dans la durée, raison pour laquelle certaines de ses oeuvres précédentes étaient si longues (jusqu'à 12h40 pour Out 1) ? Ses 36 vues du pic St-Loup, quoi qu'il en soit, sont si superficielles qu'elles semblent vouées à un oubli immédiat.

36 vues du pic St-Loup de Jacques Rivette. 1h24. Sortie : 09/09/2009.
Critique publiée sur Écran Large.
1 commentaire sur “36 VUES DU PIC ST-LOUP”
Ecoeurant.
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