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17 janv. 2009

ET APRÈS

À propos de Gilles Bourdos : il FAUT voir Inquiétudes, son deuxième long, adaptation torturée et tortueuse d'un roman de Patricia Highsmith dont j'ai oublié le titre. Il faut aussi voir Disparus, son premier film, joué également par Grégoire Colin. Car Gilles Bourdos est un excellent metteur en scène. Reste à savoir pourquoi il a accepté de porter à l'écran le roman de Guillaume Musso, l'un des chefs de file du roman de gare français. Car si le style rudimentaire de Musso est ici effacée par le savoir-faire technique et stylistique de Bourdos, la vacuité et la démagogie de la trame sont impossibles à dissimuler.
Cela commence pourtant moins mal que prévu, avec une mise en bouche rapide, un rien violente, mystérieuse et mystique. On y croit dix bonnes minutes, le temps qu'apparaisse le personnage joué par John Malkovich, un médecin qui voit un halo blanc envelopper toute personne qui va mourir dans un futur proche. C'est le début de la fin : pourtant armé de bonnes intentions (à l'image de l'auteur), le docteur fiche tout en l'air en ne répondant aux questions du héros que par d'autres questions encore plus floues. En quelques scènes, on aura vite compris que Et après n'est qu'un gigantesque ventilateur, qui grasse de l'air encore et encore mais ne sait faire que ça. La fin nous donnera d'ailleurs raison : pas de twist final comme c'est légion dans ce genre de film, mais une sorte d'impasse absolument inintéressante et stupidement lacrymale. Ce non-dénouement ne fera que décupler l'impression générale laissée par le film, celle d'un grand blabla sans queue ni tête.
Un cancéreux de 17 ans revendiquant son droit à la vie, un nourrisson mort, la famille délaissée des victimes d'un accident d'avion... Ainsi donc, ce qui se dit sur l'univers de Musso est vrai : on n'y croise que des gens blessés par la vie, victimes du destin, mais fondamentalement bons. Des personnages qui sentent autant la guimauve que la réflexion proposée, sorte de gros gloubi-boulga mêlant sans discernement l'amour, la mort, la religion, la conscience, le libre-arbitre au travers de dialogues ressemblant de plus en plus à des refrains de Lara Fabian. Surtout lorsqu'ils sont déclamés par un Romain Duris sur la mauvaise pente, aussi peu convaincant que dans Paris (dans lequel il jouait déjà un jeune homme condamné), la barrière de la langue en plus. Il est bien difficile de trouver convaincant un acteur qui semble buter sur la moitié de ses répliques. John Malkovich est sauvé par sa totale froideur malgré un personnage ni fait ni à faire, et Evangeline Lilly est un charmant pot de fleur ne confirmant pas les promesses de Lost. Il faut dire que même les meilleurs acteurs du monde n'auraient pu empêcher certaines scènes d'être parfaitement risibles, notamment celles où l'on retrouve le couple en flashback. Tout de blanc vêtus (symbolique, quand tu nous tiens), ils gambadent et virevoltent sous une pluie de petites plumes blanches, comme dans une publicité pour Cajoline. Le tout étant juste censé signifier le bonheur conjugal. Ahem.
Ces quelques séquences grotesques mises à part, Bourdos fait preuve d'une certaine mesure dans sa mise en scène. L'image est souvent belle et pas trop racoleuse, mais ne ressemble ici qu'à un gros paquet-cadeau sous lequel il n'y a qu'une grosse boîte en carton désespérément vide. Et après n'est pas le film le plus con du monde comme on pouvait le craindre, c'est juste la plus grosse baudruche qu'on ait vue depuis fort longtemps, portant sacrément bien son titre. Un échec au box-office américain condamnerait vraisemblablement Gilles Bourdos à revenir tourner en France, ou en tout cas à revenir à des projets plus modestes et donc plus proches de ses aspirations de base. On souhaite donc au film de se planter en beauté.
2/10

(autre critique sur Une dernière séance ?)

24 juin 2008

LA CAPTURE

C’est qu’elle s’obstine, la Carole Laure. Chaque année ou presque, elle revient avec un nouveau film, se faisant un peu plus éreinter par la critique que la fois précédente. Aux grands maux les grands remèdes : la voici qui engage deux acteurs connus et appréciés (Pascale Bussières et le grand Laurent Lucas) afin de sortir du carcan « films d’auteurs voués au rebut » de ses précédents films. Si La capture n’est pas passé totalement inaperçu à sa sortie, c’est grâce à l’aura de ces deux interprètes ainsi qu’à un point de départ alléchant pour qui aime la séquestration, les règlements de comptes et la violence morale. Le film suit Rose, une jeune femme qui se met en tête de séquestrer quelques temps un géniteur qui a fait (et qui fait encore) vivre toute sa famille dans la terreur, faisant l’usage de la violence pour conserver son statut de chef de famille. Objectif : obtenir simplement quelques explications, quelques excuses, trois fois rien. Problème : être violent avec les siens (ou avec d’autres, d’ailleurs) ne peut absolument pas se justifier, et voilà cette entreprise vouée à l’échec. Il faut malheureusement une heure et demie à la réalisatrice pour parvenir à ce constat évident.
Auparavant, on aura slalomé sans cesse entre quelques moments magnifiques et beaucoup d’autres complètement grotesques. Carole Laure filme le sexe comme dans un vieux porno soft des années 70, met en scène la séquestration avec un je m’en foutisme déconcertant (que viennent donc faire dans cette galère les deux vieilles voisines de Rose ?), manie l’onirisme avec un style proprement pachydermique (ah, la scène des animaux de la ferme). Et oublie finalement de traiter son sujet, empêtrée dans toujours plus de digressions. Dommage : la jeune interprète de Rose disposait de toute l’intensité nécessaire pour transcender son beau personnage, et la description de ce père indigne était suffisamment crédible pour susciter le malaise. Mais Laure se noie dans l’auteurisme forcé et l’arty show, trop pressée d’être reconnue comme une vraie cinéaste et pas comme une ancienne actrice qui multiplie les caprices. Du coup, on a quasiment l’impression de s’être trompé de salle, de ne pas avoir vu le film attendu. Quant à Bussières et Lucas, malgré leur évidente implication dans le projet, ils sont comme absents, mal exploités par ce scénario inutilement tordu.
Arrive la fin, avec sa conclusion attendue. La capture nourrit d’autant plus les regrets que, comme d’autres scènes plus tôt dans le film, cette dernière séquence suscite une vraie émotion alors qu’elle est pourtant extrêmement prévisible. La preuve que Carole Laure a du style et que, si elle parvient à le maîtriser et à le mettre au service de scénarios plus fins, la réalisatrice canadienne a possiblement un avenir derrière la caméra.
4/10
 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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