
Après une période d'errance stylistique, Jacquot a visiblement retrouvé du grain à moudre et met parfaitement en scène le drôle d'état dans lequel se trouve Ann, prise dans une lente phase de transition entre deux existences. À la vision angoissante d'un appartement blanc et vide comme l'enfer succèdera celle d'une mer bleue et calme, aux mouvement imperceptibles et hypnotiques. Pour autant, cette vision n'a rien de binaire : Villa Amalia ne nous fait jamais le coup du "c'est mieux ailleurs" et du dépliant touristique, montrant à travers le personnage de Jean-Hugues Anglade que malgré le changement, l'angoisse est toujours là. Isabelle Huppert est l'évidence même (presque trop) pour ce rôle de femme antipathique mais magnétique, renforçant le caractère inconfortable de ce curieux film qui réussit à poser une atmosphère par très petites touches. Certaines séquences sont bouclées en l'espace de trois plans, et bien bouclées. Preuve que derrière la caméra se trouve un excellent metteur en scène.
8/10
(également publié sur Écran Large)
(autre critique sur Tadah ! Blog)