Kingdom of heaven, Les infiltrés... Les premiers scripts écrits par William Monahan n'ont pas été portés à l'écran par des manchots. Rapidement adoubé par Hollywood, voilà le scénariste invité à réaliser son propre long-métrage. Pourquoi pas : lorsque les auteurs ont des choses à dire et à raconter, pourquoi ne pas les laisser tenter leur chance et mettre leurs tripes sur la table. Ça passe ou ça casse : et dans le cas de Monahan, ça a plutôt tendance à casser, puisque ce London boulevard ne vaut pas grand chose. Ni en terme de réalisation ni même sur le plan du scénario.
Dès le début, ça coince : Monahan tente de jouer la carte d'un cinéma bruyant, limite assourdissant, avec agression visuelle à la clé. Changer brusquement de format sans souci de cohérence, accentuer le grain de l'image pour faire indé, faire jaillir la violence par impulsions pour mieux harponner le spectateur... Visiblement, le réalisateur doute tellement du talent de son scénariste qu'il est prêt à exploiter les pires méthodes pour dissimuler ses faiblesses. Problème : London boulevard est écrit et mis en scène par la même personne. L'oeil et l'oreille irrités, on observe mollement ce petit théâtre d'influences dans lequel un ex-taulard devient le garde du corps d'une starlette et doit subir les pressions d'un mafieux qui aimerait s'offrir ses services. Les dialogues sont abondants mais sans étincelle, les situations se suivent et se ressemblent, et seul le sang afflue, là où il aurait surtout fallu de l'huile dans les rouages.
Même les interprètes semblent tous évoluer en mode mineur. Pas très concerné, Colin Farrell semble ailleurs, son regard sombre semblant toujours chercher un point d'ancrage à l'horizon. Quant à Keira Knightley et Ray Winstone, ils reprennent pour la énième fois des rôles mieux écrits et mieux défendus ailleurs, à savoir la jeune biche en mal de soutien et la brute épaisse masquant ses failles avec ses gros poings. Tous semblent se demander ce qu'ils fabriquent dans ce qui devient peu à peu un pur jeu de massacre. Vraiment pas inspiré, Monahan ne prend plaisir qu'à buter ses personnages un à un, jusqu'à réduire son casting à peau de chagrin. Encore plus mornes que le reste, les dernières bobines ne font que confirmer l'erreur d'aiguillage d'un type qui ferait mieux de rester dans l'ombre de Ridley Scott ou Martin Scorsese au lieu de tenter d'imposer un univers qu'il n'a pas.
London boulevard de William Monahan. 1h42. Sortie : 08/06/2011.
DIAMANT BRUT
Il y a 1 jour
2 commentaires sur “LONDON BOULEVARD”
Une catastrophe effectivement. Je me permets de douter même des talents de scénariste de Monahan, après tout Les infiltrés n'étaient qu'un remake de Infernal affairs. Et dire que le duo Monahan/Di Caprio s'attaque au très beau film coréen The chaser...
Collin Farrel qui n'a toujours pas le rôle qu'il mériterait, je ne sais pas pourquoi...il est encore à la mode ou dans sa bulle
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