Revenu de loin après un Illusionniste touchant de nullité, Neil Burger pourrait bien avoir trouvé sa place au soleil grâce à ce Limitless, succès surprise au box-office américain et preuve assez convaincante de son savoir-faire en matière de mise en scène. Sans déborder de génie, Burger fait preuve d'un beau sens de l'à propos en collant au plus près de son intrigue et en insérant régulièrement des gimmicks plutôt bien vus. Décrivant une drogue jamais vue, capable d'accroître considérablement l'intelligence et l'acuité mentale, le film se donne les moyens d'en transmettre les effets au spectateur. Cela donne lieu à une première partie extrêmement plaisante même si complètement vaine : on a l'impression d'assister à un cartoon à base de chair humaine, Bradley Cooper remplissant à lui seul les fonctions de Speedy Gonzales, de Bugs Bunny et de loup de Tex Avery.
Mais parce que le film devait forcément se trouver une intrigue, et parce qu'il ne pouvait se réduire à une sorte de gigantesque apologie d'une substance illicite, Limitless ne tarde pas à s'acheter une conscience... et à devenir immanquablement sinistre, comme une plaquette anti-drogues trouvée dans une infirmerie de collège. Si l'euphorie était totale, la descente est vertigineuse, et Burger s'en acquitte avec un premier degré fort compréhensible mais franchement barbant. Les effarantes séquelles du produit et la lutte menée par le héros contre tout un tas de sales types sont soudain beaucoup moins amusantes. Dommage : un scénariste moins coincé ou un réalisateur plus allumé auraient sans doute permis de maintenir le cap tout en préservant le propos.
Heureusement, il y a Bradley Cooper, qui n'en finit plus de séduire Hollywood. Le talent de ce mec tient à sa façon de tenir en équilibre entre la figure du charmeur décontracté et celle du sale con qu'on giflerait volontiers. Cet acteur plus complexe qu'il n'y parait permet à ce Limitless au titre mensonger de rester supportable jusqu'au bout même si on se contrefiche des personnages après seulement quelques bobines. Quant à Robert DeNiro, il ne fait que confirmer à chaque film son lent et inexorable déclin. Capitalisant sur ses excès d'antan, il n'est une fois encore que l'ombre de lui-même, se livrant à un cabotinage éhonté et absolument inutile. S'il s'est régulièrement attaqué à des rôles absolument indéfendables, il avait ici de quoi s'en tirer honorablement mais semble ne plus être capable de rester sobre plus de vingt secondes. Ses retrouvailles prochaines avec Martin Scorsese lui permettront-elles de retrouver enfin un peu de dignité ?
Limitless de Neil Burger. Durée : 1h45. Sortie : 08/06/2011.
DIAMANT BRUT
Il y a 1 jour
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