Quelle mouche a bien pu piquer Ron Howard pour qu'il décide, après s'être forgé une réputation (moyennement reluisante mais sacrément lucrative) de faiseur de grosses machines, de s'attaquer régulièrement à des projets plus modestes ? Comme avec Frost / Nixon en 2009, l'ex héros de Happy days choisit ici un profil bas qui lui va plutôt bien. En chipant le fauteuil de réalisateurs relativement interchangeables tels que David Dobkin ou Dennis Dugan, il montre des prédispositions dans la mise en scène comique dont on ne le savait pas (plus ?) capable. Pourtant, ce Dilemme commence bien mal, uniquement irrigué par la légendaire faconde de Vince Vaughn, qui brasse de l'air durant plusieurs scènes en tentant de défendre des scènes d'exposition bien palotes. Mais ni Kevin James, acteur comique célèbre aux USA et toujours méconnu chez nous malgré Hitch et compagnie, ni le tandem Winona Ryder - Jennifer Connelly (qui semblent s'ignorer copieusement) ne parviennent à l'aider à redresser la barque. Résultat : dans ses premiers instants, Le dilemme laisse craindre le pire, à savoir une heure cinquante de discussions inutiles et sans âme.
Si l'on ajoute que le job des deux héros du film consiste à créer des bruits de moteur convaincants à des voitures électriques de luxe, et si on souhaite achever l'audience en précisant qu'un second rôle est joué par Queen Latifah en commerciale hommasse adepte des blagues graveleuses, la messe semble dite. Et pourtant, Le dilemme se tire peu à peu du marasme dans lequel il avait démarré et finit par se déployer peu à peu. D'un postulat assez pauvre (doit on prévenir son meilleur ami s'il s'avère cocufié ?), le scénariste Allan Loeb tire une longue et lente descente aux enfers pour un héros dépassé, harassé, anéanti dans son propre couple alors qu'il tentait avant tout de sauver les meubles dans le mariage de son meilleur pote. On attendait une nouvelle bromance, et celle-ci n'a heureusement pas lieu (Kevin James n'est vraiment pas un acteur intéressant : en revanche, la prestation douce-amère de Vaughn rend les choses nettement plus appréciables. Le film rend palpable ce terrible sentiment d'injustice qui étreint ceux qui détiennent une vérité mais ne peuvent la communiquer sous peine de blesser ou d'être pris pour des menteurs. Bref, de devenir des parias alors qu'ils ne sont responsables de rien. On souffre avec le héros, et on se met à détester avec lui la Terre entière, faite d'hypocrites, de menteurs, de médiocres, d'intolérants et de débiles légers. À plus d'une reprise, Howard parvient à créer le malaise, ce qui étonne de la part d'un réalisateur souvent consensuel.
La saveur du film vient de sa propension à éviter une partie des désastreux clichés hollywoodiens qui auraient rapidement pu le rendre insupportable. Cela concerne notamment le personnage joué par Winona Ryder, à savoir la fameuse femme infidèle : on craint un temps que le film joue la carte du quiproquo permettant de tout désamorcer en fin de course, mais il s'avère rapidement qu'elle est volage et surtout d'une perfidie sans nom. Pour autant, Le dilemme ne fait pas des femmes les responsables des échecs conjugaux : chacun en prend pour son grade à différents degrés. Mais, d'une addiction au jeu en passant par une affection pour les jeunes masseuses asiatiques, chacun est animé par des perversions plus ou moins inavouables qui rendent les couples équilibrés dans leurs déséquilibres. Plus fataliste que moraliste, Le dilemme réussit le double exploit de se clore dans un mélange d'euphorie et d'émotion, comme c'est le cas lors des nouveaux départs. Habile sans être génial, Ron Howard fait parler son métier pour mettre en scène cette histoire moins simple qu'il n'y paraît, savamment alourdie par des rebonds d'ordre psychanalytique et par des moments de folie salvateurs.
Le dilemme de Ron Howard. 1h52. Sortie : 11/05/2011.
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Il y a 1 jour
4 commentaires sur “LE DILEMME”
Hitch et compagne
Bon je sais que tu ne répondras pas et que mes réponses resteront sans réponse. Je ne sais toujours pas ce qu'est un yes man, mais bon bref, passons. Alors voilà :
euh comment dire,
ça veut dire quoi :
"En chipant le fauteuil de réalisateurs relativement interchangeables tels que David Dobkin ou Dennis Dugan" ???
qui sont Dave et Denn ???
Kevin James c'est le gros assis à côté de l'autre gros ???
Alors, non merci, sans façon, j'ai plus faim.
T'façon j'aime pas les gros. Les gros ne sont pas drôles.
En tout cas en tant qu'unique lectrice de ce blog, je peux te dire que tes atermoiments et tergiversations font que finalement ce film, on n'en a pas du tout mais alors PAS DU TOUT envie.
Et puis j'aime pas les gros.
Tcho, gros.
Ah oui dernière question sans réponse.
Le gros c'est le cocu (mouarf, mais pourquoi ???) et sa meuf c'est Wynona ???
Alors, Winona power adonf. Continue Winona, fuck lui sa race au gros.
Dave a fait Serial noceurs. Denn a fait plein de films avec Sandler, dont le nul Quand Chuck rencontre Larry, avec Kev James en faux amant gay d'Adam.
Tu suis ?
Et oui, tout compris, Winona cocufie le gros. Avec Channing Tatum de la neuvième légion.
Non, je ne suis pas du tout ton premier parag'. C'est ésotérique pour moi.
Winona trompe le gros avec Channing ???? Elle est pas conne cette fille !
Imagine que Tahar et Jamie passent dans le coin et c'est la partie carrée assurée.
Cette fille est un génie.
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