11 mai 2011

[ACID 2011] PANDORE

Co-réalisateur du bon Commissariat aux côtés d'Ilan Klipper (crédité ici à l'image et au son), Virgil Vernier se rappelle à notre bon souvenir avec ce Pandore qui confirme sa filiation avec Raymond Depardon. Le principe est simplissime : planter sa caméra à quelques mètres de l'entrée d'une boîte de nuit pour mieux observer le travail de Mathieu, physionomiste, accompagné d'un collègue videur. En plans fixes ou presque, et sans jamais entrer à l'intérieur des lieux tant convoités, Vernier met en place un double processus : la description d'un métier qui fascine et inquiète, et le portrait d'un homme d'une trentaine d'années, sosie de Sébastien Thoen (Action Discrète) qui s'acquitte avec professionnalisme d'une tache relativement ingrate.

Le processus pourrait faire craindre un film répétitif, mais ce serait oublier qu'une entrée en discothèque est parfois aussi anxiogène et révélatrice que touts les entretiens d'embauche du monde : soignant leur image, ménageant leurs effets, jouant la sincérité ou le bluff, les aspirants fêtards n'ont qu'une seconde pour faire bonne impression et parvenir à franchir le fameux cordon. Effectuant son travail à la chaîne mais pas sans humanité, Mathieu travaille à l'instinct, use de son pouvoir de conviction, tente de se montrer démocrate jusqu'au moment où ce n'est plus possible. Il faut aussi faire avec les amis des patrons, les invités qu'on ne peut refuser malgré leur comportement et les débordements en tous genres.

La force de ce type, c'est qu'il parvient à rester absolument attachant malgré sa fâcheuse tendance à dire non. Sans jugement, en portant un regard tendre et suffisamment distant (le style Depardon) pour ne mépriser personne, Pandore réussit un exploit dont peu de courts et moyens métrages sont capables : donner envie de voir la même chose en version longue, pour cerner un peu mieux les personnalités d'un Mathieu moins tranquille qu'il n'y paraît et les étranges facettes d'un métier attisant la curiosité. Virgil Vernier semble avoir le chic pour trouver des angles inédits et les traiter aussi pertinemment que possible.



Pandore de Virgil Vernier. 35 min. Fiche ACID.

Laissez le premier commentaire sur “[ACID 2011] PANDORE”

 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
© 2009 TOUJOURS RAISON.. Tous droits réservés
Design by psdvibe | Bloggerized By LawnyDesignz