Le processus pourrait faire craindre un film répétitif, mais ce serait oublier qu'une entrée en discothèque est parfois aussi anxiogène et révélatrice que touts les entretiens d'embauche du monde : soignant leur image, ménageant leurs effets, jouant la sincérité ou le bluff, les aspirants fêtards n'ont qu'une seconde pour faire bonne impression et parvenir à franchir le fameux cordon. Effectuant son travail à la chaîne mais pas sans humanité, Mathieu travaille à l'instinct, use de son pouvoir de conviction, tente de se montrer démocrate jusqu'au moment où ce n'est plus possible. Il faut aussi faire avec les amis des patrons, les invités qu'on ne peut refuser malgré leur comportement et les débordements en tous genres.
La force de ce type, c'est qu'il parvient à rester absolument attachant malgré sa fâcheuse tendance à dire non. Sans jugement, en portant un regard tendre et suffisamment distant (le style Depardon) pour ne mépriser personne, Pandore réussit un exploit dont peu de courts et moyens métrages sont capables : donner envie de voir la même chose en version longue, pour cerner un peu mieux les personnalités d'un Mathieu moins tranquille qu'il n'y paraît et les étranges facettes d'un métier attisant la curiosité. Virgil Vernier semble avoir le chic pour trouver des angles inédits et les traiter aussi pertinemment que possible.
Pandore de Virgil Vernier. 35 min. Fiche ACID.
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