
C'est un fait évident, qui revient encore et encore après chaque catastrophe mortelle : le pire n'est pas tant d'apprendre la disparition d'un proche que de ne jamais en être certain. Le doute empêche le deuil, ronge les sangs, provoque mille questions et empêche toute espèce de quiétude. C'est la plus belle idée de Bouchareb, qui place ses personnages dans une interminable situation d'attente, contraints de faire semblant de vivre pendant qu'on cherche pour eux si leurs enfants respectifs sont en vie. Probabilité qu'ils aient trouvé la mort dans les attentats ? Très faible, selon les enquêteurs. Mais l'intime conviction, le pressentiment, le sixième sens sont des choses contre lesquelles il est bien difficile de lutter. D'où un film éminemment tristoune, dans la retenue parce que ses personnages sont contraints de rester dignes tant qu'il reste un peu d'espoir.
Le film n'ira pas beaucoup plus loin que la description de la rencontre entre deux être bien différents et du semblant d'union qui leur permet de garder le cap. Bouchareb a tendance à se cacher un peu derrière le minimalisme de son scénario ; on aurait aimé qu'il prenne davantage de risques, qu'il émette des idées fortes et nous emmène plus loin. Il semble malheureusement plombé par la détresse de ses héros, et absolument désireux de ne pas troubler leur silence. C'est un choix sensé et raisonnable mais qui condamne le film à n'être rien de plus qu'un moment gentiment touchant là où il y avait la place pour un drame bien plus fort. La mollesse de la réalisation est heureusement contrebalancée par la performance de l'énigmatique duo formé par une Brenda Blethyn plus sobre qu'à l'accoutumée - rappelez-vous son horrible prestation de Secrets et mensonges - et un Sotigui Kouyaté magnétique, magnifique, et presque trop imperméable aux émotions.

London river de Rachid Bouchareb. 1h28. Sortie : 23/09/2009.
Autre critique sur Laterna Magica.
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