
Devenant rapidement prisonnier de son sujet, La cámara oscura ressemble parfois à un non-film : impossible de filmer correctement le personnage principal, puisque Gertrudis est toujours planquée ou totalement figée. L'ennui prime très rapidement ; on souhaiterait que l'héroïne réagisse ou que ses proches soient plus méchants, histoire que quelque chose se produise à l'écran, mais ça n'est jamais vraiment le cas. Le scénario va même plus loin dans la platitude, reprenant maladroitement la citation d'Oscar Wilde : « La beauté est dans l'oeil de celui qui regarde ». Entre alors en scène un photographe français, dont les oeuvres sont incomprises et méprisées par tous les proches de Gertrudis. Elle seule y trouvera un intérêt et y puisera la véritable beauté... Et, comme une mauvaise parodie de Tim Burton, chabadabada, notre photographe ira lui aussi au-delà des apparences et appréciera sa beauté intérieure. Il ne manque plus que les violons pour que le tableau soit complet.
On pourra tout de même sauver de La cámara oscura quelques images fortes même si insuffisamment travaillées. La scène de la photo de famille, reprise sur l'affiche, est plutôt réussie. Tout comme la description des balbutiements artistiques du photographe, qui découvre son propre art et n'a de cesse de le réinventer - nous sommes à la fin du XIXè, et tout reste à découvrir. Le film n'ira malheureusement pas plus loin, victime de sa propre bien-pensance.

La cámara oscura de María Victoria Menis. 1h26. Sortie : 29/07/2009
Publié sur Écran Large.
3 commentaires sur “LA CÁMARA OSCURA”
Je ne suis pas d'accord.
L'entourage de Gertrudis est pire que méchant. Il l'ignore totalement. Elle est oubliée comme un objet.
C'est vrai qu'elle a certains talents qu'elle aurait pu mettre en oeuvre au lieu de s'enfermer ainsi.
Mais les images sont tellement -et pas inutilement- somptueuses et la fin m'a vraiment réjouie.
T'as vu ta phrase MDR :
On a la désagréable impression que la réalisatrice prend des gants afin de ne pas blesser son héroïne, la ménageant sans arrêt afin de ne pas la blesser.
Ah ouais quand même... Même quand je me relis, je continue à écrire des bêtises.
De toute façon, quand on s'appelle Gertudis, y a pas de salut possible.
Un film qui promet bcp et ne tient aucune de ses promesses en effet, une grosse déception en ce qui me concerne. Le genre de film qui donne envie de secouer tout le monde en leur disant "mais bon dieu pourquoi massacrez-vous une si bonne idée ?". L'image, moche, trouble, ne rend pas justice aux magnifiques paysages de la pampa, les personnages qui entourent Gertrudis adultes ne tiennent pas la route (alors qu'en qq images, père et mère avaient une vraie consistance dramatique), les incursions dans l'imaginaire de Gertrudis ou les souvenirs du photographe français tombent à plat. On est dans le cinéma d'auteur dont j'ai horreur, genre "regardez tout ce que je sais faire avec une caméra et de l'animation"...
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