
Devenant rapidement prisonnier de son sujet, La cámara oscura ressemble parfois à un non-film : impossible de filmer correctement le personnage principal, puisque Gertrudis est toujours planquée ou totalement figée. L'ennui prime très rapidement ; on souhaiterait que l'héroïne réagisse ou que ses proches soient plus méchants, histoire que quelque chose se produise à l'écran, mais ça n'est jamais vraiment le cas. Le scénario va même plus loin dans la platitude, reprenant maladroitement la citation d'Oscar Wilde : « La beauté est dans l'oeil de celui qui regarde ». Entre alors en scène un photographe français, dont les oeuvres sont incomprises et méprisées par tous les proches de Gertrudis. Elle seule y trouvera un intérêt et y puisera la véritable beauté... Et, comme une mauvaise parodie de Tim Burton, chabadabada, notre photographe ira lui aussi au-delà des apparences et appréciera sa beauté intérieure. Il ne manque plus que les violons pour que le tableau soit complet.
On pourra tout de même sauver de La cámara oscura quelques images fortes même si insuffisamment travaillées. La scène de la photo de famille, reprise sur l'affiche, est plutôt réussie. Tout comme la description des balbutiements artistiques du photographe, qui découvre son propre art et n'a de cesse de le réinventer - nous sommes à la fin du XIXè, et tout reste à découvrir. Le film n'ira malheureusement pas plus loin, victime de sa propre bien-pensance.

La cámara oscura de María Victoria Menis. 1h26. Sortie : 29/07/2009
Publié sur Écran Large.