
La femme invisible, c'est un peu la rencontre improbable entre Alan Moore et Marcel Aymé, la balance penchant très nettement du côté de l'écrivain français. Passe-murailles ou n'existant qu'un jour sur deux (voir à ce propos l'excellent Les jours où je n'existe pas, de Jean-Charles Fitoussi), les héros d'Aymé doivent eux aussi composer avec un don qui n'en est pas un et chercher à se former à travers lui. Agathe Teyssier se situe exactement dans cette veine, multipliant les anecdotes rigolardes et les digressions décoiffantes pour mieux réussir le portrait de son personnage.
On devine l'immense modestie du budget, et on apprécie d'autant plus l'énergie déployée par la réalisatrice au service de cet univers bien singulier : tant sur la forme que sur le fond, Teyssier tente des choses, y arrive souvent et se rate parfois, pour mieux tester d'autres idées ensuite. Elle a choisi pour cela l'interprète idéale : comme dans la vraie vie, Julie Depardieu s'y montre à la fois fantaisiste et discrète, gênée mais sans limite, bref, une petite bombe imprévisible et toujours charmante. Elle semble s'être beaucoup amusée à tourner dans ce qui ressemble parfois à un documentaire sur la vision qu'elle a d'elle-même. Tout comme Charlotte Rampling, Jeanne Balibar et quelques autres, visiblement grisées par la folie douce dans laquelle baigne ce film si particulier, pas toujours facile à suivre mais auquel il sera beaucoup pardonné tant il est bourré de charme.

La femme invisible (d'après une histoire vraie) d'Agathe Teyssier. 1h30. Sortie : 22/07/2009.
Critique publiée sur Écran Large. Autre critique sur Tadah ! Blog.
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