Quel est l'intérêt de faire un film sur des gens profondément ordinaires si ce n'est pas pour nous les montrer sous un jour nouveau? C'est la grande interrogation posée par le film de Lenny Abrahamson, qui choisit pour héros un pompiste aussi ordinaire qu'empoté, le genre de type auprès duquel on ne s'attarderait pas dans la vraie vie, et nous le présente exactement de la même façon. Si le cinéma est souvent utilisé comme miroir de la vie (désolé pour l'apparence de poésie de bazar), il nécessite cependant d'adopter un style ou un point de vue un peu différent, histoire de justifier le prix du ticket. Pendant une heure trente, Garage suit la vie ennuyeuse et pathétique de ce pauvre Josie, sans utiliser cette description au service d'un quelconque propos vaguement social ou pour en tirer une comédie simplette mais attachante. Rien, strictement rien, ne vient transcender l'évidente banalité de l'existence du pompiste. Et c'est terriblement ennuyeux.
Par moments, pourtant, on sent poindre chez Abrahamson une envie de se foutre de la poire de son héros de bas étage, ou de l'utiliser pour livrer une comédie façon Kaurismäki (auteur auquel on pense régulièrement, au détour d'un plan ou d'une tentative d'ambiance). Mais non : au mieux, Garage peut se voir comme la description du quotidien sordide des petites gens. Ceci expliquerait le fait qu'Abrahamson n'a même pas entouré son Josie de personnages secondaires capables de lui renvoyer la balle, hormis un ado relativement mutique qui vient lui prêter main forte. Génial. En fin de parcours, lorsque l'auteur décide de greffer à ces mornes paysages un semblant d'intrigue, ou du moins un petit évènement venant modifier la routine établie, c'est trop tard. Et c'est bien dommage : dans les derniers plans de Garage, il se passe enfin quelque chose. Style et sens de l'ellipse sont les atouts de ces cinq ultimes minutes malheureusement bien insuffisantes pour rassasier le spectateur.
4/10
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Il y a 1 heure
1 commentaire sur “GARAGE”
Je n'ai pas du tout vu ça comme toi...
Si Josie est le simplet du village authentifié, il est entouré d'une bande d'abrutis encore bien plus bas de plafond que lui je trouve. Et le film démontre une fois de plus que ce qui triomple c'est toujours la bêtise et la méchanceté.
Naïf et simplet peut-être mais un peu plus que touchant je trouve !
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