Il faut passer outre un premier quart d'heure chiant comme la lune pour commencer à apprécier ce Paupières bleues, curiosité mexicaine utilisant un schéma classique de comédie romantique pour finalement livrer une description amère de la solitude amoureuse. Les héros du film sont deux bras cassés dépourvus de raison de vivre, n'ayant aucune vie sociale ni passion. Deux âmes en peine qui vont se (re)croiser et tenter de transformer leur relation polie et ennuyeuse en une passion artificielle mais salvatrice. Difficile quand on n'a ni conversation ni aspérité d'arriver à faire naître un couple, surtout lorsqu'on prend pour modèle ces héros de séries TV si décomplexés et trouvant toujours le mot juste.
Si son image est passablement moche, Paupières bleues bénéficie d'une mise en scène assez intéressante, qui laisse le temps aux silences et aux angoisses de se mettre en place. On a de la peine pour nos deux anti-héros, engoncés dans un mal-être pas exempt de drôlerie. Car comme dans le Sangre de son compatriote Escalante, et sur un thème voisin, Ernesto Contreras pratique l'humour à froid et la mise à distance (tout en se faisant moins austère que le susdit). Il ne rend pas ses personnages sympathiques, et c'est tant mieux : plus le film avance et plus on jubile à les voir échouer dans leur quête de sociabilité. Le pathétique devient succulent au cours d'une scène de sexe en plan fixe, qui montre que même si la fin du film venait à offrir un message d'espoir, celui-ci ne serait qu'éphémère. En dépit d'une conclusion qui peine à venir, Paupières bleues s'impose comme un petit film fort recommandable par sa propension à attirer des spectateurs d'horizons divers, qu'ils apprécient ou non les films d'auteur. C'est un atout formidable.
7/10
(également publié sur Écran Large)
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Il y a 2 heures
2 commentaires sur “PAUPIÈRES BLEUES”
On dit "chiant comme la pluie", pas "comme la lune"...
Sauf que moi, j'aime la pluie. La lune, en revanche, m'ennuie considérablement.
J'aime bien la mauvaise foi, aussi.
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