28 juil. 2007

RATATOUILLE

Évidemment, tout le monde va courir voir Ratatouille, rire aux moments prévus, et crier au génie. C'est un peu pénible. Non pas que le dernier Brad Bird soit un très mauvais film ; c'est juste qu'il n'y a absolument pas de quoi se mettre dans tous ses états. Bien sûr, il est impossible de contester le savoir-faire technique de la team Pixar. Aussi, de ce point de vue, Ratatouille est à peu près irréprochable, même si le rendu des êtres humains manque encore de réalisme. Et à condition de mettre sa cervelle de côté et de ne plus penser qu'avec les yeux, le spectacle est relativement éblouissant, certes. Mais c'est bien normal, après tout : manquerait plus que des centaines de types super doués qui bossent sur un tel projet pendant cinq ans nous pondent un film d'une laideur sans nom. Quand ça arrive (voir Shrek 3), c'est juste parce que les types en question sont des feignasses qui se reposent sur leurs lauriers. Mais évidemment, chez Pixar, impossible que ça se produise.
Si le savoir faire de Bird et les siens n'est pas à remettre en cause, qu'est-ce qui fait que Ratatouille n'atteint jamais les sommets espérés, n'arrivant pas à la cheville de grands films comme Monstres & cie? Rien de plus simple : un scénario, un univers, un humour qui tienne au corps. L'aventure de Rémy le rat a beau être rigolote cinq minutes, il manque juste un peu de matière pour que le spectacle ait un vrai intérêt cinématographique. À part quelques vannes pas très recherchées sur les français et quelques péripéties assez stimulantes, il n'y a pas grand chose dans Ratatouille qui puisse stimuler les zygomatiques d'un spectateur un tant soit peu exigeant (mais, bizarrement, les spectateurs des films Pixar laissent souvent leur exigence au vestiaire, arguant que ceux qui critiquent "ont perdu leur âme d'enfant"). Peu de gags, pas de rythme ; on passe le plus clair de son temps à subir les lamentations d'un grand dadais ni épais ni attachant, lui-même entouré par des personnages réduits à l'état de silhouettes. Seuls les méchants valent le détour : un critique gastronomique assez impitoyable et un petit chef nerveux et vicieux. Mais le scénario finira par leur offrir une rédemption d'une facilité assez navrante, offrant une conclusion du genre "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil". Voilà ce qui arrive à force de vouloir faire des films intergénérationnels : on plonge dans la guimauve et le consensus.
Il manque à Ratatouille un véritable univers, une façon différente de raconter, de mettre en scène, de télescoper les genres. Car à part la qualité visuelle et quelques grammes de finese, qu'est-ce qui différencie le film de Brad Bird de... L'aile ou la cuisse? Pas grand chose.
Que personne ne s'arrache les cheveux, il ne s'agit que d'une provocation bien facile qui fait suite à une déception cruelle : quand un film est fait avec amour, précision et envie de plaire, c'est tout de même rageant qu'il ne dépasse jamais le stade du simple spectacle animalier. Incontestablement sympathique, mais terriblement frustrant.
6/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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