6 juin 2007

UNE VIEILLE MAÎTRESSE

La vieille maîtresse, c'est Asia Argento, que l'amour de sa vie a définitivement quitté pour aller vivre une vie plus stable et épouser celle qu'il aime. Par le biais de longs flashbacks, Catherine Breillat entreprend de raconter la naissance et la mort de cette passion incandescente. Sans Rocco Siffredi. Sans se réfugier dans la provoc et le sexe à tout bout de champ. Assagie mais pas éteinte, Catherine Breillat démontre qu'être une cinéaste de l'excès n'est pas forcément un défaut. Filmant de façon assez classique, intercalant à de rares reprises des images pleines de folie, Breillat écoute ses personnages. Après une exposition un peu effrayante (Michael Lonsdale est un acteur souvent délicieux, mais qui plombe parfois totalement les films où il apparaît), on glisse lentement vers un retour en arrière qui occupera une bonne moitié du film : le récit de la passion contrariante qui naît entre la Malagaise (Argento, judicieusement excessive) et le Don Juan (Fu'ad Aït Aattou, diaphane, entre Ryan O'Neal et Jonathan Rhys-Meyers), . Contrariante car rien ou presque ne s'oppose à ce que ces deux-là s'aiment… sauf l'aversion éprouvée par la jeune femme envers celui qui la courtise. Retournant les conventions, Breillat montre comment la haine peut se muer en la passion la plus folle (c'est évidemment plus subtil que dans les comédies romantiques).
Vient ensuite le retour au temps présent : cette fois, Breillat conte le tiraillement de l'homme entre les deux pans de sa vie, la raison et la passion. Le sens du dialogue de Barbey d'Aurevilly transparaît alors : certaines scène sont d'une rare force, notamment celle où Argento et Aattou s'accouplent langoureusement tout en parlant de la femme. On n'aurait jamais pensé que Breillat puisse être capable de maîtriser son sujet de bout en bout sans tomber dans le n'importe quoi habituel. Il manquerait presque un brin d'audace pour que le film soit pleinement réussi : les conversations de salon qui parsèment le film auraient légèrement tendance à plomber l'ensemble, à l'image de la scène entre Lonsdale et Yolande Moreau qui conclut le film de façon un peu bancale. Mais on ne fera pas la fine bouche : Une vieille maîtresse, c'est la révélation d'une cinéaste qui vient sans doute de trouver un second souffle.
7/10

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"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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