DANS LES CORDES

Après des films comme Girlfight ou Million dollar baby, le rêve américain au service de la boxe féminine, il fallait être maso (ou français) pour tenter le pari de faire un nouveau film sur le noble art version femme. Il a fallu que ce soit une femme qui tente le coup : Magaly Richard-Serrano, ex championne de boxe française, passe tranquillement derrière la caméra pour livrer sa vision d'un sport auparavant réservé aux mâles.
Qu'on note bien que Dans les cordes est un film sur la boxe française, celle qui se pratique aussi avec les pieds : la violence n'en est que multipliée, la tension aussi. Les coquards sont plus noirs qu'ailleurs. Mais ça ne change rien à ce film modeste et surprenant, joli portrait de famille et déclaration d'amour contrastée à un sport aussi brutal pour le corps que pour l'esprit. Dans les cordes voit s'opposer peu à peu deux cousines, partenaires d'entraînement aux fortunes diverses et qui vont bientôt se retrouver dans la même catégorie. Sous l'oeil d'un père/oncle aimant et exigeant (Richard Anconina, meilleur que jamais), le duel va être rude.
La surprise, c'est que Dans les cordes n'a rien d'un film bêtement premier degré réalisé par une sportive simplette. Bien filmé, pas mal écrit, le film possède une vraie force visuelle et narrative, ménageant ses effets et faisant naître l'étincelle là où on l'attend le moins. Décrire la précarité sans faire dans le social, montrer l'âpreté d'un sport sans transformer son film en boucherie, faire de deux boxeuses en transpiration de véritables ballerines exécutant leur chorégraphie à merveille. À l'aide d'un casting bien senti (où règnent les gros pifs, d'Anconina à Kalfon), Magaly Richard-Serrano emporte avec elle le spectateur dans l'atmosphère des salles d'entraînement, l'odeur de la sueur et le goût des protège-dents. On a déjà vu sensation plus désagréable.
6/10