15 avr. 2007

SUNSHINE

2001. Solaris. Alien. Sunshine? En le laissant mûrir un peu, en le faisant vieillir pour lui donner du corps, le nouveau Danny Boyle pourrait bien entrer dans le club très fermé des films référence en matière de science-fiction. Le postulat est des plus simples : pour éviter que notre soleil ne s'éteigne définitivement, une équipe de scientifiques est envoyée afin de lui injecter une bombe-suppositoire qui le fera redémarrer. Dit comme ça, on n'est pas loin d'Armageddon. Sauf que dès l'introduction, on comprend que Sunshine n'aura rien à voir avec du Michael Bay. Exposition du problème en cinq minutes, avec la plus précautionneuse des sobriétés. Pas le moindre sensationnalisme, aucune bannière américaine flottant dans le vent avec des pauvres terriens qui pleurnichent en attendant la fin du monde. À peu de choses près, Danny Boyle se refuse à filmer la Terre. Un parti pris aussi passionnant scénaristiquement que fascinant côté mise en scène : directement éclairé par la lumière du roi des astres, Sunshine est un monument d'esthétisme qui ne se contente pas de suivre ses glorieux aînés. Au détour d'un jardin d'oxygène, d'un bain de soleil ou d'un incendie, Boyle livre un spectacle faramineux, beau à couper le souffle, d'une profondeur visuelle infinie. Comme l'un des personnages, on resterait bien là à se gaver de lumière solaire pendant des heures.
Dans Sunshine, la beauté est partout. Pas seulement dans l'image. Le scénario d'Alex Garland même efficacité et concision pour un résultat des plus saisissants. Le corps du film emploie des péripéties vues ailleurs mais leur donne toujours une vraie épaisseur psychologique, se refusant une nouvelle fois à jouer la carte du grand spectacle. Les scènes d'action sont bien exécutées mais discrètes. car le vrai danger ne se situe pas à l'extérieur, mais bel et bien dans les têtes de nos scientifiques. C'est là que Sunshine touche au divin, dans un dernier tiers inconfortable donc génial, un The descent spatial sur fond de crise mystique, un lent changement d'horizon qui en froissera plus d'un. Mais peu importe : on nage alors bien au-delà du cinéma de SF pour s'envoler vers l'impalpable, quelque chose que seuls Kubrick et Tarkovski ont su faire auparavant. Voilà des années que l'on attendait une révolution pareille. On n'avait pas prévu qu'elle viendrait de Danny Boyle.
9/10

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