CHRONIQUE D'UN SCANDALE

Adapté d'un roman britannique, Chronique d'un scandale ressemblerait plutôt à la mise en images d'une pièce de théâtre. Nombre de personnages et de lieux très limité, prépondérance du dialogue sur l'action, filmage planplan idéal pour se concentrer sur le texte.
Chronique d'un scandale part d'un fait divers comme on en entend régulièrement : une jeune prof couche avec un élève de quinze ans à peine. Se greffe là-dessus une histoire de vampirisme sentimental lorsque sa vieille collègue solitaire la manipule délicatement pour obtenir son amitié exclusive en échange de son silence... Sur une telle base, le film de Richard Eyre aurait pu dériver en thriller sanglant à la Misery ; mais le propos n'est pas là. L'essentiel réside dans l'affrontement entre deux femmes foncièrement différentes, qui ne se comprennent pas et refusent d'essayer. Leur face-à-face psychologique est bien construit et finit même par devenir éprouvant, à l'occasion d'une scène a priori ordinaire où la jeune prof doit choisir entre trahir sa famille ou sa nouvelle "amie".
Raconté selon le point de vue de la vieille manipulatrice sans doute un peu tarée, Chronique d'un scandale est aussi l'histoire d'une folie en expansion, et d'un amour lesbien qui refuse de dire son nom. Avec une cruauté et un flegme très british, le film de Richard Eyre bouscule les convenances et s'avère convaincant de bout en bout.
7/10