5 févr. 2007

MOLIÈRE

Ceux d'entre nous qui ont été enfants ont forcément étudié Molière. On croyait tout savoir sur l'auteur du Jeu de l'amour et du hasard (évidemment c'est un piège) ; pourtant, Laurent Tirard et son compère Grégoire Vigneron avaient encore bien des choses à nous apprendre sur la façon dont Jean-Baptiste Poquelin est devenu Molière. Sauf que voilà : plutôt que de sombrer dans la biographie la plus ordinaire, Tirard a choisi de fabuler et de livrer un portrait imaginaire de JBP. Après Diane Arbus chez Steven Shainberg, voici donc un procédé très à la mode.
Ainsi donc, Molière aurait rencontré un gentilhomme nommé Jourdain, et se serait fait passer pour un certain Tartuffe auprès de sa femme... C'est sur ce ton joyeusement débridé que Tirard bâtit son Molière, sympathique fantaisie à la fiabilité historique nulle. Débordant d'imagination, le réalisateur-scénariste parviendrait presque à nous faire avaler les couleuvres qu'il nous offre. Gros mensonge filmique, Molière est également une farce souvent drôle, qui doit beaucoup à ses interprètes. Il y avait bien longtemps que Fabrice Luchini n'avait pas été aussi juste, et son duo avec Édouard Baer vaut son pesant de cacahuètes. Ces deux clowns blancs feraient presque passer Romain Duris au second plan ; pourtant, le héros du film, c'est bien lui. Tour à tour manipulateur génial et amoureux blessé, il livre une prestation plus que crédible, loin de son ancienne image de titi parisien. Si au départ on a l'impression que Jack Sparrow a usurpé l'identité de Molière (même visage grimé, même cabotinage volontaire), cette drôle de sensation ne dure qu'un temps. Si bien qu'au moment du dénouement, lorsque le film se fait plus émouvant, Duris arrive même à faire disparaître de nos souvenirs le Philippe Caubère d'alors, qui enflammait il y a trente ans la très sérieuse bio d'Ariane Mnouchkine.
Il y a bien quelques scènes ratées et quelques baisses de rythme dans ce Molière au titre un peu trompeur ; n'empêche que cet excellent divertissement donne sérieusement envie de piocher dans son carton de bouquins jaunis pour y retrouver Le bourgeois gentilhomme, le lire en faisant sans cesse le lien avec le film, et y trouver enfin le plaisir qu'on n'a jamais eu pendant les années collège.
7/10

1 commentaire sur “MOLIÈRE”

Anonyme a dit…

dommage, on a emmené le collégien voir le film qui l'a beaudoup apprécié .... au risque de ne plus vouloir se donner la peine de le lire ... c'est tellement mieux au ciné ....

 
"Bienvenue au royaume du pisse-froid inculte qui est au cinéma ce que Philippe Manoeuvre est au rock" (© Trollman)
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